David Cronenberg nous a souvent surpris et emmenés dans un univers dans lequel le corps humain est, invariablement, une matière à découper et à modeler. Le nouvel opus ne déroge pas à la règle mais le matériau premier est plutôt ici le corps de cadavres dont le recouvrement par des linceuls technologiques donne à voir la décomposition. Qui a envie de faire ça ? Karsh, l’inventeur (Vincent Cassel) des dits-linceuls et quelques happy few aussi torturés. Le problème, c’est que le dispositif révolutionnaire est aussi un terrain de jeu idéal pour l’AI, la jalousie, le cauchemar, et même les Russes et les Chinois, méchants idéaux de toute histoire occidentale. Enfin, c’est ce qu’on nous dit…
Cronenberg nous met en overdose d’Ai
Le film de Cronenberg est plus bavard que d’habitude et la qualité des dialogues pas toujours au rendez-vous (il faudrait compter le nombre de « fuck » prononcés par Cassel) mais sa force est de nous placer au centre d’un terrain toujours mouvant et de nous manipuler par les propos de protagonistes déséquilibrés.
Cronenberg semble porter là un regard aussi inquiet que gourmand sur ce qui attend le monde avec la montée en puissance de l’intelligence artificielle. Il nous embarque, avec Cassel, dans une Tesla conduite par d’autres et nous n’avons aucune idée de la destination.
Le film n’a aucune chance d’être au palmarès (sauf peut-être pour la lumineuse Diane Kruger) mais il nous permet de compléter, avec une délectation renouvelée, notre filmographie de Cronenberg le géant.