L’inédit du Festival du film israélien, The City est un éclatant hommage à la scène hip-pop israélienne et au film policier américain des années 1940. Pétri d’humour, d’énergie et de musique originale, interprétée par les plus grands du rap et hip-hop israélien, The City incarne un univers aussi rêveur et sentimental que brutal et cynique. Une dernière projection est prévue au Majestic Passy le 26 mars à 14h30. A voir absolument !
Avant de devenir un film, grâce à un financement participatif de 1640 investisseurs, The City était une pièce de théâtre, produite par Incubator Theater. Depuis plus de dix ans, ce conte noir culte triomphe sur les planches israéliennes et le film a franchi la barre de 100.000 entrées depuis sa sortie en salles en Israël en juillet 2023.
Créée par Amit Ulman, le réalisateur, interprète principal et coauteur de la musique, The City évoque une valise d’explorateur dans laquelle Amit Ulman aurait déposé tout ce qu’il aime. Mélangeant habilement des genres au rythme d’une musique originale, sculptée par la photographie vibrante de Misha Pletinsky, Ulman nous entraîne dans son univers imaginaire. On y trouve des adaptations cinématographiques des romans de Raymond Chandler, des comics, du Faucon maltais avec Humphry Bogart de 1941, du Sin City de Tarantino et surtout, de la musique rap et hip-hop de ses amis musiciens.
The City est entièrement parlé en mode rap ou chanté dans des styles allant du jazz au klezmer en passant par le cabaret, sans que cela paraisse artificiel, tant l’image, le rythme et les paroles sont imbriqués dans un ensemble cohérent et tonique. « J’ai voulu que le film se déroule comme une longue chanson. Le film suit une logique musicale claire, » explique Ulman pendant la séance de questions et réponses. Pari gagné grâce à une écriture parfaitement cadencé (« Le texte n’a pas changé entre la pièce de théâtre et son adaptation cinématographique. Le hip-hop nous offre des registres très différents, la langue de la rue, la poésie, etc. ») et réalisée par une équipe composée du panthéon de la scène hip-hop israélienne.
Joe (Amit Ulman) est un détective cynique aux méthodes douteuses, mais aussi un poète au cœur tendre et « faible face à la faiblesse. » Quand Sarah Bennet (Moria Akons), une jeune femme envoûtante et trempée jusqu’aux os, vient toquer à sa porte un soir d’orage pour le supplier de retrouver sa sœur disparue, Joe ne peut pas refuser. Son associé Jack (Omer Havron alias Jimbo J) s’en arrache les cheveux car l’affaire « n’annonce rien de bon. » Au fur et à mesure que les corps s’empilent, l’intrigue se concentre sur Menashe, un criminel sanguinaire insaisissable et mandataire présupposé des meurtres. La simple mention de son nom déclenche les séquences musicales les plus éclatantes du film. Comme souvent, le travail des détectives est sans cesse entravé par les intrusions de la police, incarnée par inspecteur gentleman McMurphy (Alon Neuman), flanqué de Chucky, son acolyte musclé et écervelé (Yirmi «Jeremiah» Umani).
The City est une fantaisie noire éblouissante, parfaitement rythmée, avec un libretto nerveux, des réparties du tac au tac et des incroyables battle-rap (compétitions entre rappeurs). Les images saturées accompagnent ces performances virtuoses des plus grandes stars du hip-hop israélien, parmi lesquels Omer Havron (Jimbo J), Itay Zvolon (Tuna), Ravid Plotnik et Isaac DaBom. The City est brillant et drôle et offre aux spectateurs une expérience exaltante et totalement singulière.
Malheureusement non-distribué en France, The City sera projeté au Majestic Passy le 26 mars à 14h30 et la bande-son originale est disponible sur des plateformes de streaming sous le titre hébreu Hair Hazot-Operat Rap Balashit.
© Misha Plitinsky