21.04.2025 : Le pape François est mort    08.04.2025 : Robert De Niro recevra Palme d’or d’honneur du 78e Festival de Cannes    27.03.2025 : Le tribunal correctionnel de Dar El Beida condamne Boualem Sansal à 5 ans de prison ferme    21.04.2025 : Le pape François est mort    08.04.2025 : Robert De Niro recevra Palme d’or d’honneur du 78e Festival de Cannes    27.03.2025 : Le tribunal correctionnel de Dar El Beida condamne Boualem Sansal à 5 ans de prison ferme    21.04.2025 : Le pape François est mort    08.04.2025 : Robert De Niro recevra Palme d’or d’honneur du 78e Festival de Cannes    27.03.2025 : Le tribunal correctionnel de Dar El Beida condamne Boualem Sansal à 5 ans de prison ferme    21.04.2025 : Le pape François est mort    08.04.2025 : Robert De Niro recevra Palme d’or d’honneur du 78e Festival de Cannes    27.03.2025 : Le tribunal correctionnel de Dar El Beida condamne Boualem Sansal à 5 ans de prison ferme    21.04.2025 : Le pape François est mort    08.04.2025 : Robert De Niro recevra Palme d’or d’honneur du 78e Festival de Cannes    27.03.2025 : Le tribunal correctionnel de Dar El Beida condamne Boualem Sansal à 5 ans de prison ferme    21.04.2025 : Le pape François est mort    08.04.2025 : Robert De Niro recevra Palme d’or d’honneur du 78e Festival de Cannes    27.03.2025 : Le tribunal correctionnel de Dar El Beida condamne Boualem Sansal à 5 ans de prison ferme    21.04.2025 : Le pape François est mort    08.04.2025 : Robert De Niro recevra Palme d’or d’honneur du 78e Festival de Cannes    27.03.2025 : Le tribunal correctionnel de Dar El Beida condamne Boualem Sansal à 5 ans de prison ferme    21.04.2025 : Le pape François est mort    08.04.2025 : Robert De Niro recevra Palme d’or d’honneur du 78e Festival de Cannes    27.03.2025 : Le tribunal correctionnel de Dar El Beida condamne Boualem Sansal à 5 ans de prison ferme    21.04.2025 : Le pape François est mort    08.04.2025 : Robert De Niro recevra Palme d’or d’honneur du 78e Festival de Cannes    27.03.2025 : Le tribunal correctionnel de Dar El Beida condamne Boualem Sansal à 5 ans de prison ferme    21.04.2025 : Le pape François est mort    08.04.2025 : Robert De Niro recevra Palme d’or d’honneur du 78e Festival de Cannes    27.03.2025 : Le tribunal correctionnel de Dar El Beida condamne Boualem Sansal à 5 ans de prison ferme    21.04.2025 : Le pape François est mort    08.04.2025 : Robert De Niro recevra Palme d’or d’honneur du 78e Festival de Cannes    27.03.2025 : Le tribunal correctionnel de Dar El Beida condamne Boualem Sansal à 5 ans de prison ferme    21.04.2025 : Le pape François est mort    08.04.2025 : Robert De Niro recevra Palme d’or d’honneur du 78e Festival de Cannes    27.03.2025 : Le tribunal correctionnel de Dar El Beida condamne Boualem Sansal à 5 ans de prison ferme
Agenda
Écrans
Auteurs et Autrices
Partenaires
Qui sommes-nous?
Contact
Agenda

Tal Barda : « L’avenir des Israéliens et des Palestiniens est lié, à jamais »

par La redaction
24.04.2025

Dans un Moyen-Orient en proie à des tensions croissantes, Un médecin pour la paix s’impose comme un plaidoyer fort pour la réconciliation. Ce documentaire, réalisé par Tal Barda et sorti en salles le 23 avril, retrace le parcours du Dr Izzeldin Abuelaish, médecin palestinien ayant perdu trois filles et une nièce dans un bombardement israélien, et qui a choisi de répondre à la haine par l’espoir. Nommé cinq fois au prix Nobel de la Paix, il incarne la force du pardon et la résilience. Le film, primé à Berlin et au Movies That Matter Festival, appelle à l’écoute et au dialogue. Dans cette interview, la réalisatrice israélienne revient sur la genèse du projet et ce que cette aventure a changé pour elle.

Par Cyril Montana

Comment avez-vous rencontré le Docteur Izzeldin Abuelaish, et qu’est-ce qui vous a donné envie de raconter son histoire ?

 

C’était en 2018, lorsqu’il est passé à la télévision israélienne pour demander qu’Israël présente des excuses officielles devant la Cour de justice pour ce qui était arrivé à sa famille. En écoutant son récit, j’ai ressenti une profonde tristesse, du désespoir, mais aussi de l’inspiration. Car je pense que son message est universel, et j’ai justement voulu mettre en lumière l’histoire de ce médecin et professeur, pour que le plus grand nombre puisse mieux comprendre les conséquences du conflit israélo-palestinien sur les populations civiles.

Vous êtes née à Jérusalem, vous êtes israélienne. Comment avez-vous vécu émotionnellement ce projet aux côtés d’un Palestinien dont la famille a été durement frappée par l’armée israélienne ?

 

Mon père est français, ma mère américaine. Je suis née à Jérusalem et je vis toujours à Tel Aviv. J’ai vu, pendant des années, ce conflit entre Israël et la Palestine, tandis que ma famille, profondément pacifiste, a toujours lutté contre la violence et l’occupation. Il m’a donc semblé tout à fait naturel de défendre les droits des civils. Mais aussi de faire entendre la voix du Docteur Abuelaish, qui, malgré tout ce qu’il a vécu, continue à promouvoir la négociation comme seule voie possible. Le problème, c’est que les uns et les autres se regardent comme des ennemis, et non comme des êtres humains. C’est ce sentiment que je voudrais voir disparaître dans le quotidien ici, en Israël. D’ailleurs, dans le film, ce médecin souhaite être vu comme un humain, un docteur, un père, quelqu’un qui donne la vie.

Le film est empreint de pudeur, de force, et de lumière malgré l’horreur. Comment avez-vous trouvé le ton juste pour raconter une telle tragédie sans tomber dans la victimisation ou l’accusation ?

 

Je ne sais pas si j’ai réellement trouvé un équilibre entre la situation que je décris et le conflit. J’ai simplement décidé de raconter l’histoire de ce médecin, sa vision des choses, de la vie. Il refuse de se considérer comme une victime. Et même après tout ce qu’il a traversé, il ne veut pas répondre par la violence. Quand bien même nos dirigeants politiques continuent à justifier le recours à la guerre, nous, nous ne pouvons pas — et nous ne voulons pas — justifier la violence. Je crois que cela fait de lui quelqu’un de profondément fort, et pas seulement une victime.

Avez-vous eu peur, en tant que réalisatrice, de l’accueil du film dans votre propre pays ? Et plus largement, quelles ont été les réactions en Israël et en Palestine ?

En réalité, nous n’avons pas encore montré le film, ni en Israël, ni en Palestine. Nous aimerions beaucoup le faire, mais pour l’instant, ce n’est pas le bon moment. Je pense qu’aujourd’hui, beaucoup n’ont pas le cœur suffisamment ouvert pour regarder ce film avec compassion.

Mais les choses évoluent, et je sens que ce moment approche. Il faut dire aussi qu’ici, certaines associations d’extrême droite s’opposent frontalement à la diffusion de films comme celui-ci qui prône la paix. Il arrive même qu’elles achètent tous les billets pour qu’une salle reste vide et que personne ne regarde le film.

Par ailleurs, nous avons volontairement choisi de ne solliciter aucun financement ni israélien, ni palestinien, afin de rester totalement indépendants, notamment pour la distribution.

 

Le film a été achevé après le massacre du 7 octobre 2023. Est-ce que cela a modifié votre regard ou votre montage final ?

Oui, complètement. Le 29 septembre 2023, nous étions au Forum mondial pour la paix en Normandie. Le film n’était pas encore finalisé, mais nous en avons montré une grande partie devant plus de 2 000 personnes. Quelques jours plus tard, j’étais en Israël quand la guerre a éclaté. Et je n’ai pas pu sortir ce film dans ce contexte bouleversé. La douleur, les morts, les blessures étaient partout.

À ce moment-là, je me suis dit que notre message ne serait pas audible. Le Docteur Abuelaish m’a dit : “Même si des milliers de Palestiniens vont mourir, et des Israéliens aussi, il faut garder ce message vivant : nous restons liés, et nous devons trouver une solution.”

Donc oui, la fin du film a changé. Ce n’était pas facile. Je ne voulais pas d’une fin aussi sombre, mais la réalité nous y a forcés. Et le documentaire est par nature une matière vivante, un témoin du réel. On ne peut pas faire comme si cela n’existait pas.

La question de la mémoire et du deuil traverse le film. Mais il y a aussi beaucoup de douceur, de poésie. Était-ce essentiel pour équilibrer le récit ?

 

Oui, absolument. Même dans une situation aussi difficile, il n’était pas question pour nous de faire un film uniquement tragique. Il fallait garder une part d’humanité, penser à nos familles, aux gens qu’on aime, et garder un espoir, aussi infime soit-il, qu’un avenir plus lumineux soit possible.

Comment avez-vous travaillé avec le professeur Abuelaish ? Était-ce une co-construction constante, ou avez-vous gardé une certaine distance documentaire ?

 

Cela a pris du temps, des mois même, pour construire une relation de confiance avec le Dr Abuelaish. Comme le film s’inspire de son livre « je ne haïrai point » (Éditions Robert Laffont 2011), nous étions en contact permanent. Il nous a partagé beaucoup de photos, d’archives. Ses filles, au départ, ne voulaient pas être filmées. Elles n’avaient jamais parlé de leur drame devant une caméra. J’avais demandé au Docteur de ne pas assister aux interviews, pour préserver leur intimité. Il a accepté, puis n’a pas pu s’empêcher de venir. Il avait besoin d’entendre leurs mots, leur version. Ce moment a été bouleversant. Il a posé des questions. Tout le monde a pleuré : ses filles, lui, l’équipe. Quant au montage, il n’a pas tout vu au fur et à mesure, mais il a participé à plusieurs étapes. Il va sans dire qu’il fait partie intégrante du projet.

 

Dans un monde saturé d’images de guerre, que peut encore le cinéma ? Et surtout, que peut un film comme le vôtre ?

 

Je trouve que les images diffusées dans les médias sont souvent polarisées, voire censurées. En Israël, on voit très peu de ce qui se passe réellement à Gaza. Nous avons voulu faire un film qui montre autre chose. Une vie à Gaza, aujourd’hui disparue. Ce film est une forme d’archive. On y voit Gaza autrement. On a aussi alterné avec des séquences d’animation, pour ne pas en faire un film uniquement violent. C’était essentiel.

Quel est votre plus grand souhait aujourd’hui, pour la sortie du film ?

 

Je veux que les gens voient cet homme extraordinaire, le Docteur Abuelaish. Je veux qu’ils comprennent qu’on ne peut pas vivre dans les préjugés. Ici en Israël, nous avons un Premier ministre qui fait tout pour rester au pouvoir en entretenant la guerre. Mais aujourd’hui, il n’y a plus aucune justification à cette guerre.

Ce sont les civils qu’il faut protéger. Pas les logiques militaires. Il faut que les gens comprennent qu’on ne va nulle part comme ça. Des extrémistes existent des deux côtés, mais ils ne peuvent pas dicter notre avenir.

L’avenir des Israéliens et des Palestiniens est lié, à jamais. Nous avons le choix : mourir ensemble ou vivre ensemble. Mais tant que les deux peuples n’auront pas la liberté et la sécurité, personne ne sera en sécurité, dans cette petite terre magnifique mais aussi torturée.

Que devrait faire le public après avoir vu ce film ?

 

Il faut comprendre que le monde entier regarde aujourd’hui Gaza, mais demain les projecteurs se braqueront ailleurs. C’est toujours ainsi. Il faut continuer à faire entendre des messages contre la haine. Parce que la haine est la véritable ennemie.

Et cela vaut pour tous les conflits.

Il faut une solution, avec l’aide de la communauté internationale. Il faut mettre fin à cette guerre pour construire une paix durable ici… et ailleurs.

Visuel : ©Filmoption