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« Sunny Side 2025 » : Le documentaire en mutation, entre innovation, inclusion et sobriété

par La redaction
29.06.2025

À la tête du Sunny Side of the Doc, Aurélie Reman revient sur une édition 2025 marquée par l’innovation, l’inclusion et les défis économiques d’un secteur documentaire en pleine mutation.

Par Cyril Montana

Depuis sa création à la fin des années 1980, le Sunny Side of the Doc s’est imposé comme l’un des principaux marchés internationaux dédiés au documentaire. Chaque année à La Rochelle, cet événement réunit des centaines de professionnels venus du monde entier, diffuseurs, producteurs, auteurs, institutions, pour échanger, co-produire, vendre ou découvrir les formats documentaires de demain.

 

Aurélie Reman, aujourd’hui directrice générale de Sunny Side, pilote cette plateforme stratégique dans un contexte d’évolution rapide des usages, des formats et des enjeux économiques du secteur documentaire. À l’occasion de cette nouvelle édition placée sous le signe de l’innovation narrative et de la coopération internationale, elle revient pour nous sur les grandes lignes éditoriales de l’événement, l’évolution du genre documentaire, ainsi que les nouveaux défis pour les talents émergents.

 

Depuis la création du Sunny Side dans les années 90, comment avez-vous vu évoluer le documentaire, tant sur le fond que sur les formats ?

 

Aurélie Reman : Depuis 2013 je travaille au Sunny Side , mais mon regard sur le documentaire, bien-sûr, a commencé avant cette date. Je pense que ce qu’on observe, c’est une vraie
diversité dans les formats, qui sont sans doute aussi très liés aux changements des usages des audiences.

 

Le genre documentaire, je pense, a toujours su s’adapter justement à ces nouvelles destinations. Les producteurs, auteurs, réalisateurs de documentaires ont aussi, je pense, cette agilité pour naviguer dans une économie, un paysage audiovisuel en constante évolution. Il y a sans doute eu de grandes tendances, notamment dernièrement, générées par les streamers et les grandes plateformes, qui ont un peu challengé autant l’écriture que les enjeux économiques. Et je pense que maintenant, on a compris que ce n’était pas le graal absolu non plus.

 

Face à un marché de plus en plus saturé, il faut pouvoir se remettre en question, réfléchir à ce que le marché attend — en tout cas, le marché télévisuel — mais surtout intégrer la dimension digitale, qui, je pense, va vraiment dominer. Et cela devient une nécessité aussi pour s’assurer que nos jeunes publics conservent une information de qualité, cette longue vue, ce temps long, qui permet vraiment d’expliquer, d’éclairer notre monde.

 

Quelles sont les grandes lignes éditoriales et les temps forts de cette édition ?

 

Aurélie Reman : Cette édition s’est construite autour de la thématique “New Roads to Storytelling”, donc les nouveaux chemins vers le documentaire. Il y avait une volonté, parce qu’on est un marché international, de travailler autant sur les problématiques de modèles de financement, en intégrant aussi la distribution internationale et nationale — en fait, vraiment l’enjeu de la destination pour ces films.

 

L’idée était aussi de créer un parcours pour l’émergence : s’assurer que tous ces nouveaux talents — pas nécessairement jeunes en âge, mais nouveaux sur ce marché, ou qui voient dans le documentaire le bon médium pour faire passer des messages — soient plus informés et aguerris à comprendre les codes du marché international.

 

Il y a quand même une posture importante à avoir : faire de la coproduction internationale, c’est aussi savoir naviguer entre des cultures différentes. C’est l’art du compromis créatif, pas uniquement du cofinancement.

 

Donc cette édition préparait aussi ces enjeux industriels, certes, mais il y avait une volonté de reconnecter notre communauté autour de valeurs affirmées : l’authenticité, l’équité… Et puis c’est aussi une plateforme, un espace où — dans un contexte globalement morose — ce groupe de storytellers avait besoin de retrouver un peu d’espoir, un peu de Sunny Side.

 

Par rapport à ces coproductions internationales, qui se multiplient et permettent de financer des projets plus ambitieux, comment arrive-t-on à préserver une place pour les documentaires plus intimistes ou singuliers, qui ne visent pas forcément un large public ? Est-ce compatible ?

 

Aurélie Reman : C’est compatible, tout ça. Je pense que la question centrale, c’est la destination : qui veut-on atteindre ? Pour moi, une histoire locale — qu’elle soit de France ou de Lagos, au Nigeria — a besoin d’être écrite et racontée pour des communautés locales. L’ambition reste bonne, il ne faut pas changer de cap.

 

Par contre, ce qu’on observe aujourd’hui, c’est qu’il y a aussi, pour ces histoires-là et ceux qui les racontent, un enjeu à réfléchir à comment les rendre visibles auprès d’audiences plus larges. Et dans ce cas, je pense que le liant entre les deux, c’est le caractère universel.

 

Une histoire d’avortement au Brésil peut absolument résonner avec des audiences européennes, voire asiatiques. Et nous, c’est ça qu’on essaie d’amener avec Sunny Side : leur donner les clés pour trouver cette voie-là, dans leur cheminement. Si ça ne correspond pas à leur objectif de départ, ce n’est pas grave. Mais il faut qu’ils sachent que cet autre monde, cette autre possibilité existent.

 

Il faut aussi qu’ils soient bien accompagnés pour en appréhender les tenants et aboutissants, pour réussir. Le métier de producteur et de productrice aujourd’hui, c’est un métier compliqué. Il faut oublier la chemise : ce n’est plus un ou deux coproducteurs, aujourd’hui c’est six ou sept — et il faut que tout ce petit monde s’entende bien et partage la même vision du film.

 

Et nous au Sunny Side, c’est cette confiance-là qu’on veut construire, notamment pour les nouveaux entrants dans ces métiers.

 

Concernant l’intelligence artificielle, on en a beaucoup entendu parler à Sunny Side. Entre transparence vis-à-vis du public, risques et opportunités, que cela implique-t-il concrètement pour le secteur documentaire ?

 

Aurélie Reman : Je pense que c’est un véritable outil qui peut soutenir la créativité, ou les créatifs.  On fait face à des enjeux financiers importants, et il faut aussi savoir quelles économies on peut réaliser — sans pour autant perdre la confiance du public, notamment sur le caractère journalistique, vérifié et exact des faits racontés dans les documentaires.

 

Le point central, c’est donc cet équilibre : utiliser l’IA pour de bonnes raisons économiques, tout en préservant l’intégrité éditoriale des œuvres. On ne peut pas se permettre de sacrifier la confiance du public ou celle des cofinanceurs dans ce processus.

 

À Sunny Side, on a clairement autant parlé des opportunités créatives que des enjeux de partage de valeur. On est bien conscients que, demain, les IA génératives de contenus — en fonction de la qualité et de la véracité des données qu’elles agrègent — ne produiront pas les mêmes récits.

 

Il y a donc un point de vigilance important, et aussi un enjeu de répartition des droits et des recettes qui doit rester juste. Il est certain que chaînes, producteurs et distributeurs devront intégrer ces nouveaux paramètres dans leur réalité métier.

 

Il me semble que les grandes plateformes de streaming comme Netflix, Amazon ou Apple ont été peu visibles cette année. Comment l’expliquez-vous ? Est-ce un choix de leur part ?

 

Aurélie Reman : Les plateformes, notamment américaines, quand elles viennent à Sunny Side — certes un peu moins cette année, mais c’est aussi lié au contexte — le font en toute discrétion. Et cela correspond beaucoup à leur façon de sourcer les contenus : elles ont souvent une politique qui consiste à identifier les “top ten” des sociétés de production dans chaque pays, et à vouloir travailler avec ce qu’elles considèrent comme les meilleurs, selon leurs propres critères.

 

Cela se fait parfois au détriment de la production indépendante. Or, ce qu’on défend aussi, c’est que l’écosystème intermédiaire, le « milieu de la pyramide », a besoin de vivre et de travailler.

 

C’est leur mode de fonctionnement sur un marché comme le Sunny Side : elles n’y cherchent pas nécessairement de la visibilité. Cela dit, on a pu organiser des panels intéressants, notamment avec Netflix France, sur les enjeux d’écriture, pour mieux comprendre comment écrire pour Netflix — et plus particulièrement dans le cadre d’une tendance forte vers le documentaire sériel.

 

Donc ce sont des apports éditoriaux riches, utiles pour les professionnels présents. Mais d’un point de vue business pur, en termes d’opportunités concrètes, cela reste limité certes.

 

Une question concernant la situation financière du Sunny Side et la part des financements publics : quelle est la réalité pour cette édition 2025 ?

 

Aurélie Reman : Clairement, cette édition s’est préparée dans un contexte budgétaire plus contraint, avec une perte de budget d’environ 15 %, principalement due à une baisse des subventions publiques.

 

Côté français, c’est sûr que le vote tardif des lois budgétaires ne nous a pas aidés. On dépend aussi de collectivités locales, elles-mêmes en souffrance. Et, à l’heure des choix, défendre une manifestation professionnelle, qui n’est pas destinée au grand public mais qui répond à des enjeux industriels forts, suppose qu’il y ait en face une volonté politique claire de soutenir le documentaire et plus largement la culture.

 

On se bat sur le terrain, on mobilise notre communauté qui nous soutient, on multiplie les efforts… Mais, à l’heure des comptes, il devient de plus en plus difficile pour nous de maintenir le même niveau de qualité, d’internationalisation, et d’engagement sur la professionnalisation, avec des moyens réduits.

 

C’est pourquoi on anticipe, dans les années à venir, la nécessité pour Sunny Side de se diversifier, de travailler davantage à l’international ou dans des territoires où ces contraintes budgétaires sont moins pesantes.

 

Par exemple, nous avons lancé une nouvelle collaboration avec le Latam Content Meeting au Brésil, où existait une volonté forte de créer une initiative documentaire. On nous a proposé d’y organiser le forum de pitch, et c’est exactement le type de nouveau que l’on souhaite développer, pour moins subir l’impact financier de la baisse des subventions.

 

Et pour finir, quel est le bilan de cette édition 2025 ? Une tendance ou une dynamique particulière que vous retenez avant de fermer le rideau ?

 

Aurélie Reman : Étant directrice générale du Sunny Side depuis avril 2024, je pense que c’est sans doute l’édition sur laquelle j’ai pu le plus poser mon empreinte, en tout cas en en dessiner les contours.

 

Le mot qui me vient spontanément, c’est authenticité. Car la réussite, cette année, est aussi passée par une ouverture réelle, notamment vers des territoires moins représentés sur le marché international, et vers des jeunes talents venus de tous les continents.

 

Ils ont pu trouver ici, à La Rochelle, un marché suffisamment inclusif pour ressentir qu’il y avait une place pour leurs histoires, leur profil, leur voix. Et ça, ça me touche profondément, et ça me motive énormément pour la suite.

Visuel : © Hugo Laffite