Avec SOUS TENSION, en salles le 20 août, Penny Panayotopoulou signe un drame social tendu qui plonge le spectateur dans les fractures d’un pays encore marqué par la crise économique.
Dans SOUS TENSION, Penny Panayotopoulou plonge le spectateur au cœur d’un drame social intense. Le film suit Costas, un jeune homme confronté aux dettes familiales, aux failles d’un système de santé saturé et à des choix moraux impossibles. Entre réalisme cru et scènes de tendresse, SOUS TENSION explore avec humanité les tensions entre survie et conscience dans une Grèce contemporaine encore marquée par la crise économique
Costas (Giannis Karampampas), un jeune homme d’une vingtaine d’années vit encore avec sa mère dans la maison familiale. Agent de sécurité dans un hôpital public, il est chaque jour témoin des défaillances d’un système de santé public saturé : surcharge des urgences, manque de personnel, tensions entre soignants et patients. Dans ce contexte, la mort semble banalisée, réduite à un simple constat au milieu du chaos. Impuissant, Costas ne peut qu’assister à cette désolation, sans jamais avoir les moyens d’y remédier.
Lorsque son frère Tassos meurt brutalement d’un anévrisme, Costas doit affronter une réalité implacable : assumer les dettes de son frère sous peine de perdre la maison familiale et s’occuper de Niki (Garoufalina Kontozou), sa nièce, avec l’aide de sa mère. La mère de Niki, fragile et incapable de s’en occuper, oscille entre désir de présence et incapacité à assumer son rôle. À cela s’ajoute Stella, la petite amie de Costas, qu’il voudrait combler malgré son salaire dérisoire.
Au cœur de l’histoire, la famille apparaît comme une force vitale : la petite Niki, figure lumineuse de l’enfance, devient le centre de gravité autour duquel se rassemblent des scènes de vie chaleureuses et touchantes. Ces moments, baignés de couleurs chaudes et d’une lumière naturelle qui confère au film un aspect presque intemporel, contrastent avec la dureté du quotidien et les dettes qui pèsent sur Costas. Le titre original du film, Wishbone (Bréchet), fait écho justement à une scène pleine de complicité entre Niki et son oncle, symbole de leurs liens et de moments de tendresse qui touchent profondément. La jeune Garoufalina Kontozou, qui interprète Niki, impressionne par son naturel et sa sincérité : sa présence lumineuse donne de la respiration et de la profondeur émotionnelle au récit. La famille, malgré ses fragilités, apparaît comme un refuge mais aussi comme une responsabilité écrasante.
Les lieux fréquentés par Costas, parcs abandonnés, terrains vagues, décharges, reflètent son impasse sociale et morale. Le réalisme cru de ces décors se juxtapose aux intérieurs plus chaleureux de la maison familiale, renforçant le contraste entre espace intime et environnement hostile. La mise en scène joue ainsi sur l’opposition entre l’espoir fragile de l’intime et la brutalité du monde extérieur.
Pris dans un étau économique et affectif, Costas est entraîné dans une combine : fabriquer un dossier de faute médicale. Face à l’appât du gain et à la possibilité de sauver sa famille de la ruine, il vacille entre intégrité et survie. C’est là que réside la véritable tension du film : dans cette lutte intérieure entre conscience morale et nécessité matérielle. Malgré la mort de son frère, victime du système hospitalier, Costas conserve une empathie rare envers les médecins, refusant de les réduire à de simples coupables. Giannis Karampampas incarne avec sobriété et intensité un homme tiraillé entre désespoir et humanité.
En conjuguant critique sociale et drame intime, Penny Panayotopoulou signe un film profondément humain. SOUS TENSION brosse le portrait poignant d’un homme ordinaire, écrasé par les injustices mais toujours attaché à ses valeurs, dans une société où la survie pousse parfois à des choix impossibles.
SOUS TENSION, de Penny Panayotopoulou, avec Giannis Karampampas, Garoufalina Kontozou, Konstadinos Avarikiotis, 2h03, au cinéma le 20 août 2025.
© Epicentre Films