Projeté en avant-première aux Oeillades, le film de la réalisatrice belge Catherine Cosme avec la comédienne française Vimala Pons, Yoann Zimmer, ainsi que Guilaine Londez ; a profondément touché le public. Dans une grande salle comble, le silence attentif s’est peu à peu chargé d’émotion, jusqu’aux applaudissements nourris adressés à la cinéaste venue présenter son premier long métrage, émue au bord des larmes.
Lucile et Paul -frère et sœur, se retrouvent dans la maison familiale au chevet de leur mère malade. Ils découvrent qu’ils n’ont que quelques jours pour sauver les meubles et bien plus… Car il est question dans cette comédie dramatique de surendettement, et d’usurpation d’identité. C’est un sujet inédit au cinéma, surtout dans cette forme singulière qui mêle émotion et humour. A partir de son propre vécu, la réalisatrice parvient à élargir le cadre, transformant une histoire personnelle en une fresque familiale à portée universelle. On est bouleversé par un jeu d’acteurs magnifiques et des paysages d’une beauté simple et gigantesque. La caméra accompagne un retour aux sources magnifié par une lumière chaleureuse, solaire, qui évoque la douceur du Midi. Comme si les souvenirs d’enfance avaient conservé intact leur éclat. La réalisatrice filme ces lieux avec une tendresse palpable, offrant des bulles d’insouciance au cœur d’un récit pourtant traversé par la difficulté du quotidien.
Dès les premières minutes, l’on est amusé par l’arrière-plan politique du scénario. Ce shooting de départ donne après coup toute la résonnance du propos traité. Ce glissement subtil entre l’intime et le collectif nous rappelle que cette spirale financière ne relève pas seulement de choix personnels, mais aussi d’un système. Pour cela, Catherine Cosme a choisi la normalité : un cadre de famille banale, aimante, travailleuse, un brun fantaisiste. C’est ainsi qu’elle nous tire doucement vers l’introspection. Qu’aurait-on fait ? En réponse, la réalisatrice nous propose une approche sensible, pour mettre en scène le fragile équilibre du quotidien. Elle montre à rebours comment une famille simple, a pu glisser progressivement et se retrouver pris dans une toile invisible, jusqu’à l’enlisement.
Comment se dire adieu, lorsque les non-dits recouvrent les dernières paroles ? Faut-il préférer la comédie du bonheur jusqu’au dernier souffle ou risquer l’état de crise en livrant la vérité à ceux qui restent ? Finalement, de quoi hérite t-on vraiment ? Ce sont ces interrogations existentielles que traitent Catherine Cosme avec humour et délicatesse à travers un sujet grave : le surendettement « familial ». Un papy gâteau, une mamie boutique, un jeune frangin, une fillette espiègle, et Lucile photographe un peu rigide ; articulent cette histoire invraisemblable entre drôlerie médusée et tragédie réaliste. Autant de personnages attachants qui traduisent la résilience familiale au bout de cette comédie dramatique à taille très humaine. Avec ce premier film drôle et émouvant, Catherine Cosme livre sa déclaration d’amour à la famille.
Sortie prévue en 2026