« Retour en Alexandrie » : le mini road movie introspectif de Tamer Ruggli
par Farah Malaoui08.10.2023
Le réalisateur suisso-égyptien a montré son premier long métrage en première mondiale lors du Festival du film de Saint-Jean-de-Luz.
Psychothérapeute installée en Suisse, Sue est appelée au chevet de sa mère, Fairouz, une splendide et excentrique aristocrate avec laquelle elle a rompu tout lien depuis 20 ans. Au cours de son voyage du Caire jusqu’en Alexandrie, elle renouera avec les siens et se confrontera à de surprenants et douloureux souvenirs.
Inspiré par sa propre histoire familiale, le cinéaste projette à l’écran sa nostalgie. Dans cette mise en abyme de la psychothérapeute exilée qui reboucle la boucle, on fait le tour du cadran à l’envers accompagné par des fantômes au volant d’une Cadillac rose, emmené par Fanny Ardant et Nadine Labaki.
Ce mini road movie du Caire en Alexandrie a le goût introspectif des couleurs et la cuisine de l’enfance. On fume beaucoup, beaucoup, beaucoup et on écoute des succès vintage. Les retrouvailles, les ragots des tantes et des voisines amies ou mégères cohabitent dans le même immeuble. Il se dégage de ce film un parfum de cinéma fellinien, une vision fantasmée des femmes et d’une certaine époque.
Les actrices sont magnifiques. Dès son apparition, Fanny Ardant ouvre une dimension mystérieuse dans l’histoire, qu’elle portera jusqu’au bout en mère vénéneuse, blessée par un destin contrarié. Et Nadine Labaki ancre l’histoire dans une Égypte authentique. On retrouve sur grand écran le côté immuable du Caire. Avec le temps, va tout s’en va. On pense à Dalida et à l’immeuble Yacoubian au temps de l’Automobile Club.
Tamer Ruggli a réussi un film subtil sur le deuil et la réconciliation pas tant avec la mère qu’avec l’histoire qui nous précède.
Retour en Alexandrie, de Tamer Ruggli. Avec Fanny Ardent, Nadine Labaki et Manuela Biedermann.
Sortie en 2024.
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