Présenté au Sundance Film Festival et au Festival du Cinéma Américain de Deauville, Rebuilding, deuxième long métrage de Max Walker-Silverman, est sans conteste l’un des films les plus doux de cette fin d’année 2025.
Après avoir conté les retrouvailles d’une femme avec son amour de jeunesse dans A Love Song (2022), Max Walker-Silverman explore une nouvelle fois l’Ouest rural américain et les émotions enfouies en chacun dans Rebuilding. Le réalisateur, qui a grandi dans le Colorado, relate ici les tribulations de Thomas Jr. (Josh O’Connor), aka Dusty, qui voit son ranch anéanti par un feu de forêt et trouve refuge dans un camp de fortune. Entouré de personnes qui ont tout perdu, comme lui, et porté par l’espoir de renouer avec sa fille Callie-Rose (Lily LaTorre) et son ex-femme Ruby (Meghann Fahy), il retrouve petit à petit la volonté de donner un sens à sa vie et de tout reconstruire.
Le nouveau projet de Max Walker-Silverman rappelle bien malgré lui le sublime Train Dreams de Clint Bentley, disponible sur Netflix depuis le 21 novembre dernier. Un long métrage également présenté à Sundance avec lequel Rebuilding partage la thématique de la reconstruction profonde d’un personnage après un incendie ravageur. Les deux projets ont en commun de se concentrer sur leurs héros principaux, Dusty dans Rebuilding et Robert Grainier dans Train Dreams, pères de famille abattus, perdus et avares de mots. Si la catastrophe arrive en cours de récit dans Train Dreams, l’incendie relaté dans Rebuilding a pour sa part déjà fait son œuvre à l’ouverture du film.
Dès les premières séquences, un contraste entre le fond et la forme se dégage rapidement de Rebuilding. Si le récit dresse le portrait rude d’un homme harassé face à sa reconstruction post incendie, aussi personnelle que matérielle, la mise en scène se révèle quant à elle douce et lumineuse. Evitant le pathos avec élégance et tendresse, Max Walker-Silverman sublime les paysages, sinistrés ou non, du Pays de l’Oncle Tom et offre une sincérité et une grâce profondes aux instants partagés entre Dusty, cow-boy taiseux privé de ses vaches et de son ranch ancestral, et sa fille qu’il connaît trop peu, campée par l’hypnotique Lily LaTorre.
La prestation minimaliste, et pourtant toute en justesse, de Josh O’Connor fait par ailleurs écho à celle qu’il tient dans le très joli The Mastermind de Kelly Reichardt (au cinéma le 4 février 2026), dans lequel il prête également ses traits à un paternel à la dérive. A l’image du cinéma de Reichardt, Max Walker-Silverman tente aussi de démystifier les fondations millénaires du père viriliste aux émotions refoulées capable de bâtir un univers entier à bout de bras. Et si on regrette une certaine prévisibilité dans son final, Rebuilding reste un projet sur fond de résilience à l’optimisme contagieux, dont les belles images et le casting épatant restent longtemps en mémoire.
Rebuilding de Max Walker-Silverman. Avec Josh O’Connor, Meghann Fahy, Kali Reis… 01h35. États-Unis. Sortie le 17 Décembre 2025.
Visuel : © 2024 Jesse Hope