Quinzaine : « Le Livre des solutions », une comédie à tiroirs, par Michel Gondry

« On déclenche le plan B ? », demande Pierre Niney à Blanche Gardin … Lorsque les producteurs du film de Marc (Pierre Niney) décident de couper les budgets à un film bien trop « auteur », celui-ci se replie avec deux fidèles chez sa tante Denise (Françoise Lebrun, irrésistible) dans les Cévennes. Ils doivent finir de monter le film, là, dans la nature, auprès du maire qui s’intéresse de près au projet. Pour pouvoir carburer au niveau des idées, Marc arrête ses médicaments et reprend le « Livre des solutions » qu’il a préparé dans son enfance…

Une comédie sur les coulisses d’un film

Dialogues fins et gros travail de rythme, Le Livre des solutions est une bonne comédie des familles accessible à tous et toutes. C’est drôle, c’est vif, on adore Blanche Gardin grognonne et Pierre Niney narcissiquo-naïf. Cerise sur le gâteau : Sting débarque faire la BO. On découvre aussi avec joie Frankie Wallach en assistante digne de James Bond. Et les cinéphiles apprécieront d’entrer avec dérision dans les coulisses d’un montage-fleuve (4h07mn !). Mais une fois le joli feu d’artifice passé, on se dit que mis bout à bout, il y a peut-être plus dans ce Gondry.

Un message caché ?

D’abord, il y a une grande subtilité sur la manière dont la paranoïa du héros s’exprime. Elle nous fait rire, mais fait passer aussi une grande souffrance du sujet et de son entourage. Et petit à petit, la paranoïa nous gagne aussi : on voit Niney imiter le chef d’orchestre comme de Funès dans La Grande Vadrouille, on entend une traditionnelle chanson yiddish et la seule image qu’on verra finalement du film, c’est un vieux monsieur avec un chapeau qui est poursuivi par un rat dans des rues vides (Felix Nussbaum + Maus). Alors que le personnage principal n’a plus que sa tante et que le film a quand même un titre qui flirte avec Edmond Jabès, y aurait-il un message caché qui nous parlerait de la manière cryptée du poids de la Shoah et du transgénérationnel ? Affaire à suivre…