Le dernier film de l’icône du cinéma français nous promène dans une belle et calme campagne, auprès d’une belle et calme grand-mère. Calme ? Vraiment ? Entre conte social et thriller à la Maigret, Ozon nous embarque lentement et surement dans ses thèmes favoris.
Depuis Sitcom en 1998, François Ozon tourne un film par an, et dans chacun, on retrouve de grands thèmes : la famille, la religion, les reines mères, les beaux garçons, les paysages de province… Quand vient l’automne répond à ce cahier des charges dès la première image, en fait dès le premier son. On entend sonner les cloches d’une église avant de voir Hélène Vincent en gravir les marches. Nous la rencontrons comme cela, allure de mamie en forme, émue par le prêche du prêtre sur Marie-Madeleine. Michelle, donc, vit une retraite paisible dans une grande maison, avec un beau jardin et un généreux potager au-dessus de Donzy.
Ici, la beauté est partout, et particulièrement à l’automne. Ozon filme à la perfection le roux des feuilles et les ciels changeants. Chaque image du film est un tableau. Il convoque autant Téchiné que Chabrol, dans le fond et la forme. Les éléments arrivent avec la même lenteur que l’automne met à s’installer. Et pourtant, quand la saison des champignons est là, elle annonce l’hiver, proche. C’est la saison des vacances de la Toussaint, Michelle attend sa fille, Valérie (Ludivine Sagnier), et son petit-fils Lucas. Les choses déraillent, la ville vient troubler l’apparente tranquillité. Valérie est en plein divorce et semble en vouloir à mort à sa mère. Pourquoi ? Et qu’a fait le sexy Vincent (Pierre Lottin), le fils de Marie-Claude (Josiane Balasko), la meilleure amie de Michelle, pour avoir été en prison ? Et puis, comment Marie-Claude et Michelle se sont-elles rencontrées ?
Avec la subtilité et le talent qui caractérisent son regard, Ozon filme l’intime dans ses complexités les plus intenses. Jamais les choses ne débordent alors qu’elles devraient, le calme continue de régner, même en cas de grosse bagarre, Michelle tempère, les yeux heureux, mais humides. Tous les personnages sont là pour témoigner de leurs zones grises. Ozon pose d’immenses questions dans le plus grand des silences. Quand faut-il mentir ? Quand faut-il parler ? Quand faut-il avouer ? Quand faut-il se taire ? Le film donne des réponses sans dogmatisme, sans heurts. Nous nous attachons follement à ces femmes et ces garçons, nous adorons les voir jouer dans leurs âges sans que cela ne soit un sujet. Ozon, en taisant les grands débats, rend les existences plus douces. Elles ont 70, 80 ans, et ? Et ce n’est pas le sujet. Ce beau mec n’a pas de petite amie, et ? Ce n’est pas le sujet. Le sujet, c’est simplement la vie, dans ses méandres et ses circonvolutions, dans ses drames qui parfois prennent la forme d’un minuscule champignon vénéneux.
En salles le 2 octobre
Visuel : ©Cartel