La récompense distinguant tous les ans une directrice ou un directeur de la photo vient rappeler encore une fois en 2024 l’importance de cet art, en un temps où le cinéma est souvent précarisé.
Chaque année, une directrice ou un directeur de la photo emblématique est mis à l’honneur à Cannes pour l’ensemble de son travail portant sur les teintes des images de films. Sous le patronage d’Angénieux, la marque d’objectifs cinématographiques internationalement connue. En 2024, le Prix venant saluer une carrière va à Santosh Sivan. D’origine indienne, il a exercé ses talents en grande partie sur des productions de Bollywood. Ce soir, ses dons sont loués, au même titre qu’entre autres, son art de « lire dans les nuages », de manière à pouvoir jouer ou composer avec la météo.
Par vidéo interposée, nombre de personnalités envoient des éloges à celui qui est sacré en ce dernier jour de festival. Les réalisatrices Mira Nair et Gurinder Chadha, le réalisateur Shekhar Kapur et bien sûr l’acteur star absolue Sharukh Khan le remercient ou l’encensent pour ce qu’il apporta à leurs films. Le Président d’Angénieux Emmanuel Sprauel, lui, évoque le rapport de Sivan à la nature et à l’humain. Avant que sa capacité à amener à son terme un plan de travail bien avant la date prévue, par son art de l’efficacité, ne soit aussi salué. Quant à celle qui fait office de marraine pour le Prix cette année, Mélanie Laurent, elle évoque son amour pour les séances de travail précédant ses tournages au cours desquelles les choix quant à la lumière devant nimber les plans sont faits, avec la directrice ou le directeur de la photo. Il est temps pour elle ensuite d’accueillir Kadri Koop et de faire son éloge : l’américano-estonienne reçoit cette année le Prix Pierre Angénieux destiné à encourager une ou un jeune artiste opérant sur les images, leur couleur et leur luminosité, au sein des films.
Active depuis bientôt dix ans à son poste, remarquée aux Etats-Unis pour des courts documentaires ou fictionnels, ou quelques longs-métrages, Kadri Koop dédie ces Encouragements obtenus à ses camarades ayant perdu leur travail l’an dernier au sein du cinéma américain, du fait de la grève de 2023 ayant secoué le secteur. Prenant lui aussi en compte le présent et l’avenir pas si certain du cinéma, le Président d’Angénieux Emmanuel Sprauel affirme lui, lorsqu’il évoque les nouveaux procédés technologiques qui pourraient menacer le milieu de la fabrication des films, que « la seule issue ne peut être que de redonner toute sa place à l’humain, en maîtrisant la technologie ». On se dit en effet que le futur proche ne doit pas abîmer le métier de directrice ou directeur de la photographie, si précieux pour garantir l’identité propre de nombre de films, et la magie qu’ils dégagent.
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Visuel : (c) Geoffrey Nabavian