Présenté dans la section Orizzonti Extra à la Mostra de Venise en 2023, Pet Shop Days, premier long métrage d’Olmo Schnabel, offre une plongée détonante au cœur des bas fonds new-yorkais.
Rejeton du peintre néo expressionniste et cinéaste américain Julian Schnabel, Olmo empreinte les pas de son père en capturant les quartiers louches de New York dans Pet Shop Days. Dès sa séquence d’ouverture, le premier long métrage du fils Schnabel déstabilise. Le film démarre en effet par une nuit au Mexique à l’intensité presque risible, durant laquelle Alejandro (Darío Yazbek Bernal, demi-frère de Gael García Bernal) passe d’une conversation au lit avec sa mère à une embrouille virulente avec son paternel en pleine tablée d’anniversaire, avant de faire une tentative de suicide foireuse, puis de percuter involontairement sa génitrice avec la voiture familiale.
Enfant gâté plutôt dérangé, Alejandro prend ensuite la fuite et entame une cavale jusqu’à la Grosse Pomme pour échapper à l’emprise de son père. A New York, il croise par hasard la route de Jack (Jack Irv), jeune homme tout aussi paumé que lui qui vient d’enchaîner une rupture amoureuse et un râteau de la prof’ de français (Camille Rowe) de sa sœur dans la matinée, avant d’entamer sans conviction son shift à l’animalerie pour laquelle il travaille. Le courant entre les deux personnages passe instantanément, et les voilà tous deux lancés dans une spirale aussi envoûtante que destructrice de débauche à coups d’excès, de sexe, de drogues et de perte de repères.
Thriller romantique urbain et cruel, Pet Shop Days est un mélange percutant qui convoque autant Macadam Cowboy (1969) de John Schlesinger que Kids (1995) de Larry Clark, tout en puisant plus largement dans les films américains noirs et bruts des eighties et des nineties. La mise en scène, appuyée par une caméra à l’épaule et une photographie sombre et cotonneuse, se révèle constamment nerveuse et en mouvement pour mieux capter l’engrenage infernal dans lequel s’enfonce lentement mais sûrement le duo. Après visionnage, il est aisé de comprendre ce qui a pu donner envie à Martin Scorsese d’endosser la casquette de producteur exécutif sur le projet.
Pleinement inscrit dans la veine du cinéma indépendant américain, Pet Shop Days livre un portrait sans fioriture de la jeunesse new-yorkaise contemporaine, finalement aussi perdue et dénuée de repères moraux que celle filmée par Larry Clark dans les nineties avec Kids. Le film d’Olmo Schnabel partage par ailleurs avec ce dernier un goût certain pour les personnages antipathiques, puisqu’Alejandro comme Jack sont deux jeunes hommes dont les privilèges équivalent à leur impulsivité et leur violence. Boosté par un casting de jeunes pousses comme d’acteurs chevronnés, le frénétique Pet Shop Boys rend définitivement curieux quant à la suite de la carrière d’Olmo Schnabel, dont la première proposition convainc pleinement.
Pet Shop Days d’Olmo Schnabel. Avec Darío Yazbek Bernal, Jack Irv, Camille Rowe… 01h50. Italie, Grande-Bretagne, Mexique. Sortie le 22 Octobre 2025.
Visuel : © Les Films du Camélia