Paolo Sorrentino est de retour en compétition à Cannes avec Parthenope, un film sur une femme libre et belle, que l’on voit évoluer dans la baie de Naples. Le cinéaste continue à se surpasser dans la photographie et la mise en scène, mais ne les met pas au service d’un propos singulier.
Quelque part dans la baie de Naples, un commandant en veste blanche transporte un carrosse depuis Versailles pour fêter la naissance de sa filleule. Nous sommes en 1950 et dix-huit ans plus tard, la jeune femme incarnée par la sublime Celeste Dalla Porta est une déesse de beauté, qui rend tous les garçons fous. Elle incarne la sensualité et la liberté. De plus, elle se met à étudier l’anthropologie à l’Université de Naples.
Sans savoir où trouver un point de chute, elle décide de passer une partie de l’été avec son frère à Capri. Là-bas, elle rencontre John Cheever, l’auteur américain mélancolique vieillissant, joué par un Gary Oldman méconnaissable. Son attitude la surprend et la secoue.
Toujours époustouflant dans la manière dont la caméra dévoile chacun de ses personnages sous tous les angles, Paolo Sorrentino livre un portrait de femme qui se veut libre, les seins débordant de sa robe en maille. Redoublées de dialogues pompeux, les images et la beauté sont bavardes. Et malgré l’éclat des couleurs et la puissance de la photographie, tout ceci est ce que nos amis américains appellent un « déjà vu ».
Avec un frère et une sœur aux tendances incestueuses et un vieil homme qui les côtoie en attendant la mort, comme Burt Lancaster dans Violence et Passion, on pense bien sûr à Visconti. Et cette femme sensuelle, grande prêtresse du désir et puissante de celui qu’elle suscite ne peut que rappeler la Modesta du roman culte (et posthume) de Goliarda Sapienza, L’Art de la joie. Sorrentino a beau continuer de reconstituer le Naples de son enfance, Parthenope est un film moins personnel que La Main de Dieu ou même Youth. Le film obtiendra peut-être un prix pour sa mise en scène, mais la vision du monde est trop racornie, et le regard trop facilement libidineux pour apporter cette fameuse fraîcheur que le cinéaste voudrait louer.
Parthenope, de Paolo Sorrentino, avec : Celeste Dalla Porta, Stefania Sandrelli, Gary Oldman, Silvio Orlando, Luisa Ranieri, Peppe Lanzetta et Isabella Ferrari2023, Italie, France, 136 minutes