Écrans

No Beast So Fierce : l’adaptation surlignée de la tragédie de Shakespeare

par Blanche Aloncle
17.03.2025

Le réalisateur Burhan Qurbani adapte au cinéma la mythique tragédie Richard III de Shakespeare avec son dernier film No Beast So Fierce. A voir au cinéma dès le 26 mars, le long-métrage explore la soif de vengeance et de pouvoir d’une femme tyrannique, mixant les genres littéraires et cinématographiques.

Les femmes au pouvoir : force et domination

La pièce de Shakespeare à l’écran est un pari audacieux de Burhan Qurbani. L’intrigue est transportée dans le Berlin actuel où deux familles arabes, les York et les Lancaster, s’entraînent dans une guerre de gang sanglante. Le tyran n’est cette fois-ci pas Richard III mais Rashida, cadette de la famille des York jouée par l’actrice Kenda Hmeidan. Dans des monologues théâtralisés, elle confie ses traumatismes, son oppression par un monde dominé par les hommes et sa soif de pouvoir effrayante. Séduction, manipulation, meurtre, trahison, elle se montre prête à tout pour accéder à son rêve ultime d’ascension.

Le réalisateur place au cœur de l’intrigue des actrices au jeu puissant, incarnant des femmes maîtresses de leur propre destin. Elles peuvent être maternelles et aimantes, ou détestables et tyranniques. Et même si elles subissent les conséquences d’un système patriarcal, aucune ne se laisse enfermer dans ses contraintes. Elles s’affranchissent de ces carcans imposés par des jeux de pouvoir et des rapports de hiérarchie, reprenant le dessus sur leur destinée. C’est la loi du plus fort, et cette fois-ci, ce sont les femmes qui triomphent.

Du théâtre à l’écran : un mélange de genres

Pour réaliser cette adaptation, Burhan Qurbani s’inspire de nombreux genres littéraires et cinématographiques. D’abord il puise dans les codes de la tragédie avec des monologues intenses, des répliques solennelles et des dialogues parfois dramatiques à l’excès. Ensuite, il explore divers genres cinématographiques, de l’horreur au drame, en passant par la science-fiction et le thriller.

La mise en scène de certaines séquences est très élaborée et renvoie directement aux scènes chorégraphiées du spectacle vivant. Toutefois, ces scènes où les personnages suivent des chorégraphies expressives paraissent, par moments, impondérables.

Un univers visuel ambivalent

Les choix esthétiques du réalisateur suivent également ce mélange entre codes antiques, orientalistes et ultra-modernistes. On en vient à se perdre dans des atmosphères alternant entre déserts, décor industriel d’un Berlin post-modernisme, intérieurs royaux et ville futuriste. L’ambiance surréelle est accentuée par les costumes modernes reprenant encore une fois différents éléments orientalistes ou de science-fiction.

Malgré la réussite d’une photographie travaillée, cet assemblage de genres et de styles devient presque lourd de sens et de symboles. Créant ainsi un manque de crédibilité, le long-métrage se perçoit comme un agglomérat de stéréotypes et de caricatures.

Au cinéma le 26 mars 2025.

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