Deux années de suite, Karim Aïnouz est en compétition officielle à Cannes. Après sa parenthèse sur les Tudor, Le jeu de la reine, il revient au Brésil et au XXIe siècle, avec un film aussi sensuel que violent. Motel Destino est un huis clos tropical qui revisite le triangle amoureux en mode escrocs.
A Ceara, sur la côte nord et tropicale du Brésil, Heraldo, 21 ans, tente de survivre. Il a failli dans une mission pour la mafia, il craint pour sa vie et trouve refuge dans un motel aux murs et draps flamboyants. Il devient l’homme à tout faire du couple qui tient ce drôle de lieu. En effet, des gémissements se font entendre dans le grand couloir par lequel le personnel dessert les chambres. Le jeune héros ne peut plus sortir du motel. Qui est aussi par certains aspects un paradis avec une piscine et des animaux. C’est ainsi qu’il se passe quelque chose entre le syndrome de Stockholm et un triangle amoureux.
Les grands aplats de couleurs et les mouvements des corps sont superbes dans un film qui exprime à la fois la terreur et le sexe, la misère et l’opulence. Pop et intemporel, planté au milieu de rien, Motel Destino tient fièrement tête au monde entier. Quant au sujet de faire foyer, même dans des conditions extrêmes et sacrilèges, il saisit le lecteur comme une toile de grand maître.
Motel Destino, de Karim Aïnouz, avec Karim AÏNOUZ, 2024, Brésil, France, Allemagne, 115 minutes, en compétition officielle au 77e Festival de Cannes.
Visuel (c) Santoro, Tandem Films