09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo
Agenda
Écrans
Auteurs et Autrices
Partenaires
Qui sommes-nous?
Contact
Agenda

Mort de Laurent Cantet, réalisateur doué, palmé, auteur de quelques films forts

par Geoffrey Nabavian
26.04.2024

Suite à la mort du réalisateur de Ressources humaines et Entre les murs, on peut se remémorer les films qu’on a préférés de lui. Et les raisons pour lesquelles on les a aimés.

Laurent Cantet s’en va à 63 ans, laissant huit longs-métrages de cinéma. Très engagée à gauche, sa filmographie plonge dans des thématiques sociales telles que le monde ouvrier, face au patronat, ou l’univers du travail. Sans oublier l’éducation, ou l’art engagé tout simplement. Abondamment célébrée, son œuvre aime à observer le comportement d’un protagoniste face à ces organismes que beaucoup côtoient et connaissent. Ou croient connaître, bien souvent. A l’heure du bilan, prématuré mais il faut faire avec hélas, on a envie de se remémorer ce qu’on a préféré chez lui. Si l’on doit avouer qu’on n’a jamais vu Vers le Sud, qui montre la prostitution en Haïti dans les années 70, on garde suffisamment en tête tous les autres pour exprimer un avis. Et pour se demander pourquoi on l’exprime. Un point de vue qui restera, d’autre part, personnel.

L’Emploi du temps et son héros doucement fissuré

On peut avoir envie de considérer L’Emploi du temps, sorti en 2001, comme le chef-d’oeuvre de Laurent Cantet. Dans ce long-métrage-ci, il adopte parfaitement le rythme du héros qu’il suit. A savoir Vincent, quarantenaire ayant perdu son travail, simplement parce que la nature même du fait de travailler semblait l’avoir lassé. Or Vincent a une famille à charge. Il va donc être obligé de composer avec ce monde de l’emploi dont il n’a plus envie. Naturaliste, la mise en scène de Laurent Cantet atteint dans ce film-ci à une vraie finesse. Ses scènes ne forcent rien, elles laissent venir. Sa réalisation n’appuie jamais les failles du personnage : elle leur donne le temps de se manifester vraiment, dans toute leur vérité. Enfin, l’interprète choisi est le bon : Aurélien Recoing livre une interprétation exceptionnelle, affichant son charme bonhomme pour mieux laisser voir ce qu’il y a derrière. Là où Ressources humaines (2000) est davantage un cri de révolte, celui d’un fils stagiaire dans une usine contre un plan social à venir touchant son père, L’Emploi du temps est un film où Laurent Cantet prend le temps de poser son cadre : un monde plein de dangers, celui du travail. Il ne lui reste ensuite qu’à légèrement pousser son héros afin qu’il commence à essayer de nager le long de ses bords, comme il peut, à sa manière. On avouera ne pas avoir totalement retrouvé la même finesse dans Entre les murs, Palme d’or à Cannes en 2008 : un côté un peu artificiel guettait les situations, dans ce long-métrage où François Bégaudeau incarnait un professeur en ZEP, métier qu’il exerça. De même en ce qui concerne L’Atelier (2017) : menant une réflexion assez pertinente, avec un cadre posé de manière juste – un groupe de jeunes en difficulté, tentés parfois par les extrêmes, effectuant un atelier d’écriture avec une autrice ne venant pas de leur monde – le film paraissait un peu desservi par le personnage de Marina Foïs, guetté parfois par un côté cliché. Quant à Arthur Rambo, dernier long-métrage de Laurent Cantet, inspiré de l’affaire Mehdi Meklat, auteur et journaliste réfléchissant sur les cités mais également auteur de tweets racistes, antisémites ou homophobes, on pouvait trouver qu’il s’en tenait trop aux faits.

Foxfire, Confessions d’un gang de filles et sa vérité humaine

Laurent Cantet signa un film en Amérique du Sud : Retour à Ithaque, sorti en 2014 et se déroulant à Cuba. Observant des amis réunis pour commémorer la fin de l’exil de l’un d’eux, il apparaissait attachant mais ne poussait peut-être pas assez son sujet jusqu’au bout. On pouvait avoir du mal à vivre pleinement ce retour à travers les difficultés de l’histoire cubaine, faute de les ressentir totalement. Un sentiment d’inabouti qu’on avait pu éprouver aussi, au passage, face aux Sanguinaires, assez court téléfilm commandé par Arte au réalisateur peu avant l’an 2000. En revanche, son expérience américaine donna le réussi Foxfire, Confessions d’un gang de filles. La qualité de ce dernier est de ne pas dévoiler tous ses aspects tout de suite. Il s’attache à des jeunes filles fondant leur société à elles au milieu des années 50 aux Etats-Unis, car elles n’en peuvent plus des lois des autres. Des problèmes divers se poseront à elles, permettant au film de traverser au final bien des thèmes. Surtout, il donne à voir Laurent Cantet optant pour une ambiance feutrée, et une mise en scène intimiste, afin de mieux étudier les différents caractères présents au sein de cette communauté. Avançant encore une fois sans se presser, découvrant toutes les facettes de ce monde créé pas plus vite que le spectateur, sa réalisation donnait encore une fois beaucoup à ressentir, ici. Avant une fin très réussie, centrée sur l’humanité de ses personnages. Complexe, et assurément énigmatique.

*

Visuel : affiche d’Entre les murs