Dès l’annonce de la préparation du film, celui-ci a suscité de nombreux débats. Charles Aznavour, monument de la culture française à l’international, a placé les deux réalisateurs face à de grandes attentes, tant de la part des spectateurs que des fans.
Nous avons eu la chance de visionner le film en avant-première lors du festival de Montélimar, pour sa première française, en présence d’un des réalisateurs Mehdi Idir et des actrices Marie-Julie Baup (qui interprète Edith Piaf dans le film) et Ella Pellegrini (qui joue Micheline Rugel). À la fin de la projection, les artistes ont été accueillis sur scène pour une séance de questions réponses avec le public.
Les premières interventions étaient très tendues : certains spectateurs se plaignaient que l’histoire était trop romancée et pas assez fidèle à la réalité. Ils ont relevé plusieurs incohérences historiques, face à un réalisateur quelque peu déstabilisé. Ce dernier, néanmoins, est resté calme et a répondu avec diplomatie que le film était une adaptation, précisant qu’il s’agissait d’un film et non d’un documentaire.
Le projet du film a été annoncé en 2020 par les deux fils de Charles Aznavour, Mischa et Nicolas, en collaboration avec Grand Corps Malade et Mehdi Idir. Le producteur, Jean-Rachid Kallouche, époux de Katia Aznavour, fille de l’artiste, s’est également impliqué dans cette entreprise familiale. On peut donc penser que cet hommage ne pouvait qu’être fidèle à la vie du chanteur, de quoi faire taire les critiques.
Le public savait déjà que la vie du chanteur n’avait pas été facile à ses débuts, dès son enfance la famille Aznavourian mène une vie très précaire. Charles commence par faire des premières parties un peu partout, avant de rencontrer Pierre Roche, puis Edith Piaf, qui l’aideront progressivement à s’insérer dans le milieu artistique. Cela ne suffira cependant pas à le propulser immédiatement : il est critiqué pour sa voix nasillarde, et certains parlent même d’une carrière « mort-née ».
Quel a été le secret de Charles Aznavour pour parvenir à ses fins ? Le film nous livre la réponse : un acharnement au travail, jusqu’à négliger tout ce qui l’entoure. Si le film met l’accent sur la persévérance et le labeur dont l’artiste a fait preuve, on ne peut s’empêcher de remarquer tout ce qu’il a laissé derrière lui.
L’histoire est racontée à la manière d’un film de Scorsese, avec un héros solitaire et torturé, brutal envers lui-même, traversé par des accès de rage et une obsession pour la réussite. On ne peut s’empêcher de percevoir des échos de Casino ou des Affranchis dans la façon dont le personnage principal est présenté : une superstar assombrie par le succès et la quête de reconnaissance.
Ce film, qui peut sembler ne pas assez aborder les côtés sombres de l’artiste, est néanmoins captivant et nous plonge dans la dure réalité de la création artistique.
Visuel : © Monsieur Aznavour