«Elle l’aimait plus que tout, il l’aimait plus que toutes les autres.» Le film réalisé par Diane Kurys, présenté au Festival de Cannes 2025 dans la sélection Cannes Classics sortira en salles le 1er octobre
Moi qui t’aimais revient sur l’histoire de l’un des couples les plus emblématiques du cinéma français : celui d’Yves Montand et Simone Signoret, incarnés par Roschdy Zem et Marina Foïs. Le film prend la posture narrative intéressante de raconter les douze dernières années de leur histoire. Après le grand écran, Hollywood et la célébrité : l’âge de la maturité, des tourments et du calme. Douze années, de 1973 à 1985. C’est la subtilité du film qui, au lieu de proposer un récit sur l’ensemble de leur histoire, choisit de se concentrer sur une période bien définie de la vie des acteurs. Alors que Simone Signoret s’est progressivement effacée du grand écran, Montand, avec qui elle partage sa vie depuis près de vingt ans, est au sommet de sa carrière. Le film aborde les questions de la maturité, lorsque tout semble s’arrêter, et finalement, comment se réinventer en embrassant une nouvelle ère. Un questionnement d’autant plus important chez les actrices, hantées par des diktats de jeunesse et de beauté. Marina Foïs incarne une force tranquille, intelligemment insolente, royauté du cinéma d’une ère qui se termine mais qui bénéficie d’une reconnaissance inégalable.
La tendresse est là, la cruauté aussi. Diane Kurys donne la représentation d’une relation aussi complice que toxique. À la fois soutiens réciproques l’un de l’autre, on y voit une Signoret lucide mais accro à un époux infidèle et émotionnellement absent par moments. « Il revient toujours », entend-on Marina Foïs dire en parlant de Montand. Marquée par la liaison de son mari avec Marilyn Monroe et par les infidélités qui ont suivi, Signoret a toujours refusé de se laisser enfermer dans le rôle de victime.
Le film ne cherche pas à dissimuler son parti pris : dès les premières minutes, on voit les acteurs entrer dans leurs rôles lors d’une séance de maquillage précédant le tournage. Cette mise en abyme annonce clairement l’intention du biopic : il ne s’agit pas de reproduire fidèlement les deux amants, mais de les incarner avec justesse et sensibilité. Dans cette optique, un casting qui pouvait sembler surprenant au départ se révèle finalement très pertinent et montre bien que la ressemblance physique ne fait pas tout. Marina Foïs, notamment, se distingue dans le rôle de Signoret. Elle parvient à restituer toute la complexité d’une femme en proie au doute, oscillant entre tendresse et amertume, et donne ainsi à voir une facette méconnue du personnage. À la fin, c’est la tendresse qui reste, malgré un couple dépeint en nuances, il reste un compagnonnage fidèle, imparfait, mais plus fort que ses fissures.
© Affiche officielle du film