Passée par le festival de Cannes et le Festival Lumière de Lyon, l’adaptation de 1991 du roman de la poétesse autrichienne d’Ingeborg Bachmann par Werner Schroeter, Malina (1991) ressort en salles en version restaurée. Une plongée esthétique dans le Vienne des années 1970.
Pour écouter la chronique de Yaël Hirsch sur le film dans les « Matins Jazz », c’est ici :
Malina ce n’est pas le nom de l’héroïne du film ou du roman, car elle n’en a pas de nom. Malina, c’est le nom de son compagnon officiel, sorte de haut-fonctionnaire un peu prétentieux et très froid qui lui explique comment vivre, créer et surtout comment traiter le courrier qui s’amoncelle dans son appartement. En face ou à côté, il y a Yvan, le bel amant à l’accent hongrois, papa de deux garçons, qui redonne à la fébrile jeune-femme goût à la vie. Un regain de bonheur qui vient avec un attachement infini et qui semble ainsi la plonger dans un désarroi sans fond.
L’on suit donc cette héroïne à la fois brillante, philosophe, écrivaine, élégante, et en même temps complètement dépendante des hommes de sa vie. On la voit peu à peu se consumer dans le Vienne des années 1970, avec évidemment de nombreuses références à la vie et à la mort d’Ingerborg Bachmann, morte brûlée vive à 47 ans à Rome. Isabelle Huppert ressemble de manière troublante à la poétesse autrichienne dont Malina fut le seul roman publié de son vivant. L’actrice est, dans ce film et ce rôle qu’elle affectionne encore aujourd’hui, au sommet de sa beauté, assise en chemise de nuit à même le parquet au milieu de dizaines de bougies allumées.
Le cinéaste allemand Werner Schroeter fait le choix d’adapter un roman intime sur le triangle amoureux en grande fresque. Des premières aux dernières scènes, le film fait penser à un rêve ou à des décors d’Opéra. Des tableaux souvent muets qui saisissent les personnages de l’extérieur ou via des bribes de conversations pas toujours compréhensibles. Les scènes se succèdent, grandioses et surannées. Et c’est Elfriede Jelinek (prix Nobel de littérature 2004 à qui l’on doit aussi La pianiste) qui adapte pour le grand grand écran ce texte construit en faisceaux de flux de conscience.
Résultat : là où la femme s’épanchait dans le texte, à l’écran, elle prend des allures de poupée sublime et angoissante. Les années 1990 qui revisitent les années 1970, c’est pas toujours très #metoo compatible, mais la version restaurée des années 2020 redonne tout son éclat à l’image. Et donne bien envie d’aller relire le roman !
Malina, de Werner Schroeter, avec Isabelle Huppert, Mathieu Carrière, Can Togay, Scénario d’Elfriede Jelinek d’après le roman d’Ingeborg Bachmann, Allemagne, Autriche, 2h07, 1991, 26 novembre au cinéma en version restaurée 4K, SYNOPSIS: Une écrivaine (Isabelle Huppert) détonne au sein de la société viennoise par son caractère libre, Philosophe et romancière, brillante et indépendante, elle vit des relations très