La programmation éclectique du Festival du film franco-arabe du 12 au 28 novembre nous a proposé une immersion dans la culture tunisienne.
Machat, le terme désigne les musiciennes traditionnelles engagées pour ambiancer les mariages. Même si ce folklore tend à disparaître au profit des DJ, les images tournées en Tunisie prouve que la tradition a encore de beaux jours devant elle.
Près de Mehdia, trois femmes transforment votre cérémonie en rituel festif et ancestral. Ce pourrait être la devise de cette authentique entreprise familiale. Maquillage brillant, robes pailletées et sourire aux lèvres, Fatma et ses deux filles sont le porte-bonheur d’une fête réussie. En divas locales et accessibles, elles enchaînent les prestations, louanges d’amour et de promesses.
La mère, veuve et attentive est préoccupée par la situation tourmentée de Najeh et Waffeh. L’une est mariée et rêve de quitter son mari, alors que l’autre, divorcée, veut absolument se recaser. On suit ce trio de femmes d’apparence forte qui trimballent leur solitude de mariage en mariage.
Henné, derbouka et chants nasillards accompagnent les festivités. Les mariées disparaissent sous leur costume d’apparat, engoncées sous des tonnes de tissus aux coutures rigides qui entravent la moindre liberté de mouvement jusqu’aux orteils. Le tableau semble présager le piège de leur destinée.
Quatre années de captation ramassées dans une heure vingt de cinéma direct, nous permettent de suivre la trajectoire de ces femmes que ni le travail, ni le mariage ne parviennent à libérer.
La réalisatrice a fait un important travail de montage pour privilégier une narration au présent, filmée comme un reportage. A travers ce canevas, elle met en lumière la précarité des femmes dans la société tunisienne qui apparaît pourtant comme l’une des plus modernes et progressistes du Maghreb sur la question de l’émancipation.