La tradition du Poitiers Film festival est d’ouvrir et de fermer chaque édition avec des films de jeunes réalisateurs. Le tout jeune Nathan Ambrosioni (né en 1999) qui signe, à seulement 26 ans, son cinquième film en tant que réalisateur arrive au Poitiers Film Festival avec son tout dernier opus parfaitement défendu par Camille Cottin (Jeanne), Manôa Varvat (Gaspard) et Nina Birman (Margaux).
Nathan Ambrosioni, scénariste, réalisateur et monteur autodidacte, démontre avec panache qu’il est possible de mener une très belle carrière dès le plus jeune âge. Encouragé par son père, avec qui il a fondé une société de production, le jeune homme réalise un film poignant dont le thème, la disparition volontaire, est difficile à traiter. Mais il y parvient avec brio, aidé avec talent par une distribution de très belle tenue menée par une Camille Cottin très inspirée.
Suzanne est veuve, son mari, David, est mort deux ans avant le début de l’histoire et depuis elle élève seule ses deux enfants Gaspard, 9 ans, et Margaux, 6 ans. Au début des vacances d’été, elle part avec eux voir sa sœur qu’elle n’a pas vu depuis des mois. Épuisée, dépressive, elle n’arrive plus à assumer l’éducation de ses enfants qu’elle confie à Jeanne avant de disparaître sans laisser de traces.
C’est Camille Cottin qui incarne Jeanne. La comédienne entre avec aisance dans la peau de la tante déboussolée par son nouveau rôle de chef de famille après la disparition soudaine de sa sœur. Le déni dans lequel est Jeanne, qui pense encore que sa sœur va revenir à la fin de l’été pour récupérer ses enfants va rapidement faire place à une peur panique incontrôlable face aux responsabilités qui s’imposent à elle. Manôa Varvat (Gaspard) et Nina Birman (Margaux) sont excellents dans leurs rôles respectifs ; chacun gérant son angoisse à sa façon mais finissant quand même par craquer à un moment ou à un autre.
Le policier Sébastien (un très beau Guillaume Gouix) qui, en tant que membre des forces de l’ordre ne peut rien faire officiellement, fait ce qu’il peut officieusement pour aider Jeanne et retrouver Suzanne est un précieux réconfort pour la jeune femme complètement à la dérive. La Nicole de Monia Chokri est tout aussi précieuse pour Jeanne qui lui confie les enfants de temps en temps pour pouvoir souffler un peu et partir à la recherche de sa sœur. Monia Chokri est idéale pour incarner une femme aux multiples facettes : femme lesbienne décontractée, peintre reconnue exposant régulièrement et professeur de peinture pour Margaux qui adore dessiner. On regrettera que Juliette Armanet n’apparaisse que quelques minutes ; mais sans la disparition volontaire de Suzanne, pas d’intrigue ni de remise en question de Jeanne ni d’évolution pour Gaspard et Margaux qui, du coup, grandissent plus vite qu’il ne faudrait.
C’est un très beau film que Nathan Ambrosioni a présenté au public du Poitiers Film Festival en ce froid vendredi soir. Si Juliette Armanet ne fait qu’une courte apparition, elle met en place les fondements d’une évolution expresse pour sa sœur et ses enfants.
Les enfants vont bien, de Nathan Ambrosioni, avec Camille Cottin, Jeanne ; Juliette Armanet, Suzanne ; Monia Chokri, Nicole ; Manôa Varvat, Gaspard ; Nina Birman, Margaux ; Guillaume Gouix, Sébastien ; Féodor Atkine, le père ; Franckie Wallach, Leïla ; Myriem Akhéddiou, Juge aux Affaires Familiales ; Tania Dessource, fonctionnaire mairie ; Camille Lethuilier, Juilette ; Maxime Tshibangou, Lucien. Sortie Nationale : 3 décembre 2025.
crédit photo : Fabian Rigaux