En salles le 22 octobre, l’ouverture toujours plus audacieuse de Kaamelott : deuxième partie au récit d’aventure sombre et épique de la légende arthurienne donne un souffle appréciable au cinéma français, mais peine à convaincre totalement.
Adapter une série culte de scénettes humoristiques en film sombre et épique à gros budget est un pari risqué. Ce défi, le couteau suisse Alexandre Astier, créateur de Kaamelott, réalisateur, acteur, compositeur de musiques, s’y est collé en 2021 et y retourne cette année avec une vision aussi ambitieuse que parfois opaque pour son public.
Le premier volet de cette fresque légendaire se finissait par la victoire d’Arthur Pendragon, incarné par le showrunner, sur Lancelot, alors dictateur du royaume de Logres. Arthur récupère certes son pouvoir, mais dans ce deuxième volet, il est encore loin du personnage flamboyant de la légende. Trahi par son meilleur chevalier, il a perdu l’envie de régner. Lâche et las, il fuit ses responsabilités, au grand dam de sa cour, elle-même fragilisée et réduite.
La face sombre de la série diffusée de 2005 à 2009 sur M6 pointait déjà dans le premier volet. Déjà, Arthur refusait d’endosser le rôle du sauveur d’un pays sur lequel il régnait pourtant auparavant. Mais dans ce second volet, le poids des malédictions, la démesure et la soif de pouvoir des hommes ressortent davantage.
Là où la série se moquait des chevaliers crétins comme Perceval ou Karadoc, ici chaque personnage arbore un sérieux à la hauteur de l’enjeu : mettre un terme une bonne fois pour toute à la menace que constitue Lancelot.
Les ancien·nes et futur·es chevaliers s’en vont aussi à l’aventure, leur mission principale. Le running gag sur le Graal introuvable est l’un des ressorts comiques du film. L’humour y est en effet toujours omniprésent, malgré le poids du mal qui rôde. Il rappelle les dynamiques narratives entre les personnages, ami·es ou ennemi·es de longue date ou ne se connaissant pas encore. La répartie et le rythme qui avait – en partie – fait le succès de la série se retrouvent ici avec, pour les plus nostalgiques, un retour de certains personnages secondaires emblématiques.
Fidèle à son entreprise chorale, Alexandre Astier initie plusieurs intrigues qui apparaissent parfois confuses pour le regard extérieur, même si l’on entrevoit une cohérence finale. À l’instar du premier volet, la succession de scénettes aux dialogues aiguisés et aux interprètes hauts en couleur est un régal, mais peut aussi tendre à l’indigestion. On a un peu le tournis à la fin de ces plus de deux heures d’un film généreux menées tambour battant.
©SND Groupe M6