Présenté à la Quinzaine des Cinéastes au Festival de Cannes 2025, Le Maître du Kabuki, nouveau long métrage de Sang-il Lee, débarque dans l’Hexagone après avoir fait plus de onze millions d’entrées au Japon.
Succès aussi immense qu’inattendu en contrée japonaise, qui en fait le deuxième long métrage du pays réalisé en prises de vue réelles le plus visionné de tous les temps, Le Maître du Kabuki est passé par moult festivals internationaux et a par ailleurs été présélectionné pour représenter le Japon dans la catégorie du Meilleur Film International aux Oscars 2026. Si le parcours du film est impressionnant, il permet surtout au réalisateur Sang-il Lee de voir un de ses projets se frayer un chemin jusqu’aux salles obscures françaises pour la première fois de sa carrière.
Après avoir notamment réalisé le remake japonais de Impitoyable de Clint Eastwood en 2013, Sang-il Lee s’attelle dans son cinquième long métrage à l’univers du kabuki, forme épique du théâtre traditionnel japonais créée au XVIIe siècle. Au centre de son récit, le réalisateur s’intéresse plus particulièrement à deux jeunes hommes qui rêvent de devenir des acteurs onnagata, interprètes masculins qui incarnent des rôles féminins. Adapté du roman éponyme de Shūichi Yoshida, Le Maître du Kabuki signe d’autre part la deuxième adaptation cinématographique de Sang-il Lee d’un roman de l’écrivain japonais après Villain (2010).
L’an 1964, à Nagasaki. A la mort de son père, chef d’un gang de yakuzas, Kikuo (Soya Kurokawa), 14 ans, est confié à Hanjiro (Ken Watanabe), célèbre acteur de kabuki. Aux côtés de Shunsuke (Keitatsu Koshiyama), fils unique de Hanjiro, il décide de se consacrer à cet art. Capturés sur plusieurs décennies, Kikuo et Shunsuke grandissent et évoluent sous les yeux du spectateur, de l’école du jeu aux plus jolies salles de spectacle, entre scandales et gloire, fraternité et trahisons. Sur près de trois heures, Le Maître du Kabuki déploie une épopée ample et captivante aux allures d’un rise and fall spectaculaire dans lequel Sang-il Lee met en lumière les périodes charnières de la vie de son héros principal, l’ambitieux Kikuo.
Jeune homme prêt à tout sacrifier pour devenir le plus grand acteur de kabuki, malgré son sang « impur » de rejeton de yakuza, Kikuo ne va avoir de cesse d’envier et de tenter de surpasser le talent de Shunsuke, qui a le kabuki « dans le sang ». Par le biais de son duo de personnages central, le réalisateur dresse en filigrane une analyse complexe et fascinante de la psyché humaine, de la notion d’honneur et du lien du sang dans les milieux artistiques gangrenés par l’argent, l’opportunisme ou encore la mégalomanie. Boosté par un casting épatant de subtilité, mais également par des costumes et décors éclatants au service d’une mise en scène convenue mais efficace, Le Maître du Kabuki est sans l’ombre d’un doute l’une des fresques les plus grandioses sur l’Art et ses interprètes vue en salles récemment.
Le Maître du Kabuki de Sang-il Lee. Avec Ryô Yoshizawa, Ryusei Yokohama, Soya Kurokawa… 02h54. Japon. Présenté à la Quinzaine des Cinéastes au Festival de Cannes 2025. Sortie le 24 Décembre 2025.
Visuel : © Pyramide Distribution