En ce deuxième jour de CitéCiné, Ken Loach et Vincent Lindon ont donné leurs masterclasses à l’Odeum, et la compétition a commencé avec un thème central par-delà les époques : la rencontre des cultures.
C’est grâce au facteur que ce matin, nous avons trouvé le chemin qui menait de la ville haute au centre-ville. Sous un soleil franc d’hiver froid, Carcassonne nous a apporté une jolie dose de vitamine D et de marche, comme meilleure mise en bouche pour le cinéma et la politique.
C’est donc à nouveau à distance que Ken Loach a rencontré le public de Carcassonne à 9h30 dans une masterclass qui aurait aussi pu être un cours de politique pour tous. L’Odeum était presque plein. Il l’était à craquer pour entendre en chair, en os et en costume Vincent Lindon répondre aux questions de Régine Arniaud, à 17h. Nous avons commencé par éteindre les portables et la politique, le cinéma, le rôle central des artistes dans la cité ont été débattus. Entre les deux, nous avons même eu la gourmandise de voler un petit cours de cinéma avec Stéphane Brizé en étant témoins d’une interview forte où il expliquait comment sa caméra est placée en général comme la caméra d’un documentaire, même dans la fiction.
Du côté de la compétition, nous avons commencé dans la Suède du 18ème siècle avec King’s Land de Nicolaj Arcel. Nous avons eu le plaisir d’y retrouver Mads Mikkelsen en pleine lutte des classes, de bâtard à baron, en passant par capitaine d’armée. Et tout ça en creusant la terre du Jutland pour y planter, coûte que coûte, des patates. Au détour des magnifiques plans de la région, le film nous rappelle que l’Ancien Régime n’était pas toujours éclairé, avec un roi ivre et absent, des nobles de peu de parole et un juge roturier tout puissant fou et sanguinaire. Quant au choc des cultures, il est incarné par la petite fille adoptive du héros, tzigane et irrésistible… C’est vraiment beau et très politique sous les costumes qui nous ont fait au début un peu peur. C’est bien que Mikkelsen et Arcel aient poussé plus loin la réflexion politique que dans le cultissime film en costumes qui les a propulsés : A Royal Affair…
Dans l’après-midi, après un déjeuner convivial au café du festival, nous avions le cœur qui battait pour passer le bac avec un jeune homme vraiment incapable de réviser l’histoire-géographie. Explanation for everything, du hongrois Gabor Reisz, n’est pas sans nous rappeler le cinéma du roumain Radu Jude : naturaliste avec des piques jusqu’à ce que l’ironie et l’humour s’emballent. Mais quand cela met 1h30 sur 3 heures de film, c’est malgré tout un peu lent.
Enfin, la journée s’est terminée pour Cult.news à Carcassonne avec l’avant-première de La Tête froide, première fiction de Stéphane Marchetti qui sort mercredi 17 janvier en salles. Un film de montagnes et de frontières. L’excellente Florence Loiret-Caille y incarne une femme qui a payé cher son indépendance. Elle vit dans une caravane dont elle peine à payer l’emplacement, voit à peine sa fille et subsiste grâce à un petit trafic de clopes depuis l’Italie. Jusqu’au jour où elle trouve sur le col enneigé de la frontière deux migrants. Les entasser dans le coffre de sa camionnette rouge plutôt que des cartouches de cigarettes est lucratif, mais aussi source de très gros problèmes. Les plans sont justes, le travail est minutieux et l’on est désolé de voir la sympathique héroïne sombrer.
Vous aurez encore du CitéCiné qui dure jusqu’à lundi !