« L’amour c’est surcôté » vous rendra, paradoxalement, fleur bleue

Si vous avez aimé L’amour ouf, vous risquez de vous faire séduire à nouveau. Diagnostiqué « nul avec les meufs », Anis (Hakim Jemili) est au point mort sur le plan sentimental. Trois ans, jour pour jour, après la mort de son meilleur ami Isma, il décide enfin de sortir de sa zone de confort et de faire de nouvelles rencontres. C’est alors qu’Anis rencontre Madeleine (Laura Felpin), qui lui fera découvrir quelque chose de grand, quelque chose de fort… l’amour. 

Une comédie qui vous emmènera chez le psy

Plus qu’une simple comédie romantique, ce film est un ascenseur émotionnel. Mourad Winter ne se limite pas à raconter, pour la énième fois, l’histoire de deux personnages que tout oppose et qui finissent par tomber éperdument amoureux. Ici, la romance interroge également sur notre rapport au deuil et à la santé mentale. Alors ne vous laissez pas berner par son titre volontairement provocateur.  

Sous ses airs de gentil loser, Anis est hanté par un trauma qui l’empêche d’avancer. La mort de son meilleur ami. Inconsolable depuis des années, c’est Madeleine qui le pousse à enfin baisser ses gardes pour apprendre à aimer de nouveau. Et elle va encore plus loin, jusqu’à déceler les moindres failles d’Anis pour faire de lui un homme nouveau (voire un homme tout court). « L’humour, c’est un pansement, mais ça ne soigne pas l’hémorragie », lui dit-elle avec justesse. 

Cette dimension à la fois romantique et psychologique du film est rythmée par des blagues bien pimentées. C’est notamment Paulo (Benjamin Tranié) qui se charge de lancer des répliques toujours plus piquantes, en incarnant, avec un naturel alarmant, le rôle du meilleur pote raciste gênant. L’alchimie est également au rendez-vous avec Madeleine et Anis, qui forment un couple d’une complicité touchante. Et lorsqu’on n’est pas occupés à rire devant des blagues parfois douteuses ou à envier la romance à l’écran, c’est au tour d’Isma (Alassane Diong) de nous prendre aux tripes. 

Malgré une mise en scène classique et prévisible (flashbacks vers l’enfance, derniers instants ensemble…), le triste sort du meilleur ami d’Anis parvient à nous mouiller les yeux. Pari réussi pour Mourad Winter, qui fait passer son public de larmes de rire à larmes tout court en une fraction de seconde. 

Elle est téméraire, lui à l’envers

L’amour c’est surcôté, peut-être, mais pas Laura Felpin. Comme si voler la vedette à Kyan Khojandi dans Bref 2 ne lui avait pas suffi, l’étoile française continue de briller. Dans le rôle d’une jeune femme pleine de vie, elle saisit avec finesse les différentes strates identitaires d’Anis. Malicieuse et déterminée, Madeleine parvient à le confronter de force aux problèmes qui le gardent prisonnier de son mal-être. Anis pense la duper, mais elle voit clair dans son jeu. Et finalement, c’est à deux qu’ils ressortent gagnants de la partie. 

Elle solide et solaire, lui fragile et perdu, ils sont aux antipodes l’un de l’autre. L’amour, il en connaissait les contours : ceux de l’amitié et de la famille. Mais, avec Madeleine, il entre en terre inconnue. À travers son personnage, Hakim Jemili incarne un grand enfant qui découvre la romance, d’une manière aussi sincère que touchante. « L’amour, ça ne vient pas que du couple, mais de tous les gens que tu aimes », lui rappelle d’ailleurs son père. 

Par ses interventions souvent maladroites, Anis dégage un léger malaise qui le rend presque mignon et attendrissant. Ce sont ces traits authentiques et bruts qui rendent son personnage crédible à l’écran. De quoi permettre à plus d’un spectateur de s’identifier à lui. 

Et quel bonheur illumine la salle de projection quand Francois Damiens apparait à l’écran ! Incarnant le père hyper progressiste de Madeleine, il mitraille les punchlines à tout bout de champ. « Vous n’êtes pas woke, vous ! », lance-t-il à Anis au dîner de famille, l’enfonçant un peu plus dans sa gêne. 

Une chose est sûre, Mourad Winter met tout le monde d’accord avec son casting exceptionnel. Et encore, on ne vous a pas tout dévoilé…

Le titre, on n’y adhère pas du tout. Mais le film ? Foncez.