La comédie « I Mordecai » séduit le public de Dia(s)porama

Un premier film très personnel

I Mordecai fait le portrait du papa du réalisateur, un octogénaire survivant de la Shoah. Au début, le fils en a assez de crier au téléphone pour parler à son père de 80 ans. Il le pousse à lâcher son vieil appareil à clapet rafistolé et lui offre un iPhone. Et il lui offre aussi les cours qui lui permettront de l’utiliser. La professeure, Nina est une jeune-femme qui transforme la vie du vieux monsieur juif… et vice-versa. Évidemment, l’anecdote de l’irruption de l’innovation technologique et communicationnelle correspond à un moment clé pour toute la famille : celui où la mère, Fela est diagnostiquée d’un Alzheimer. Filmer c’est alors récolter des images… Ce qui a d’autant plus de poids dans une famille juive ashkénaze où les parents sont survivants et où deux générations ont connu de nombreux exils : les parents ont dû quitter la Pologne, la Sibérie et Israël et ont même migré avec leurs enfants à Miami. Cette ville est, de fait, un vrai personnage du film…

Une comédie universelle

À l’origine, Marvin Samuel n’est pas réalisateur, mais homme d’affaires, il a fait fortune dans les cigares. Déterminé à ne rien oublier de sa mère et son père, il s’est entouré d’une équipe solide, tant au niveau du scénario que de la mise en scène. I Mordecai parvient à dessiner des personnages forts qui nous embarquent, notamment grâce aux acteurs parmi lesquels le grand Judd Hirsch. Lui qu’on a fréquenté longuement dans la série Numb3rs (2005–2010), mais aussi comme oncle excentrique de Spielberg dans The Fabelmans, incarne un Mordecai extraordinaire. Survivant, très vivant, électricien et peintre, homme du peuple et artiste à ses heures. Si le regard cinématographique n’est pas encore tout à fait là, I Mordecai est une forte proposition de tendresse humaine. C’est un film que l’on a envie de partager en famille, avec des amis et qui prouve qu’une comédie réussie est la voie royale pour entrer de plain-pied dans la vie des gens.