Écrans

La Chimère, le temps des rêves d’Alice Rohrwacher

par Olivia Leboyer
10.11.2023

Pour l’affiche de sa 32e édition, le Festival de Sarlat a choisi une photo de La Chimère d’Alice Rohrwacher. Une vraie vision de cinéma, où le rêve et la réalité s’entremêlent en images fulgurantes, qui restent.

Une rêverie libre

La Chimère possède une grâce. Le personnage principal, Arthur (Josh O’Connor), (anti)-héros doux et flegmatique, dit à un moment d’une statue étrusque « qu’elle n’est pas faite pour les yeux des hommes ». Ce film l’est-il ? Heureusement pour nous, mais il s’offre, en effet, sur le mode d’une rêverie libre, enchaînement souple et poétique, sans enjeu narratif. Sinon celui, essentiel, du lien ténu entre la vie, la mort et l’amour. C’est par la vertu de l’amour que la vie et la mort se réconcilient.

Une puissance mi-humaine, mi-animale

Arthur, tiré d’un songe dans un train, sort de prison. Voleur aux yeux de la société, il exerce le don de déterrer les trésors dans les sépultures antiques. Avec une petite bande de bras cassés, il a gagné de l’argent, couru les aventures. On comprend, aussi, qu’il a perdu sa fiancée, Benjaminia. La mère de la jeune fille, Flora (Isabella Rossellini, sublime de beauté et d’humanité), conserve tout son attachement à cet Arthur désinvolte et paresseux, qui ne goûte que très moyennement la vie.

Lorsqu’il rencontre Italia, apprentie chanteuse-domestique chez Flora, Arthur est attiré, par une vitalité bouillonnante, sexy, qu’il ne connaît pas. Cela suffira-t-il à le ramener vers le monde des vivants ? Italia danse comme elle respire, sans codes. Arthur sourit, la vie lui tend les bras. Mais comme chez Gérard de Nerval, la chimère exerce sa puissance, mi-humaine, mi-animale, terriblement belle.

Une rêverie cotonneuse, effilochée

Suspendues, les images s’étirent en une rêverie cotonneuse, effilochée. La photo choisie pour l’affiche du festival est une scène de carnaval. On se croirait dans la fête étrange du Grand Meaulnes. Car la vie, en réalité, est temporaire…

La Chimère d’Alice Rohrwacher, Italie, 2h13, avec Josh O’Connor, Carol Duarte, Isabella Rossellini, Alba Rohrwacher, Lou Roy-Lecollinet. Festival de Sarlat, sélection Tour du monde. Sortie en France le 6 décembre 2023.

visuel (c) Ad Vitam

La Chimère, le temps des rêves d’Alice Rohrwacher

Une rêverie libre

Une puissance mi-humaine, mi-animale

Une rêverie cotonneuse, effilochée

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