Le 10 septembre sort en salles I Am the Future, documentaire réalisé par Rachel Cisinski et produit par Romain Mailliu. Touchant, vibrant d’espoir, il dresse le portrait de quatre jeunes venu•es des quatre coins du monde, porteureus d’un même message : malgré les crises qui les entourent, l’avenir reste un terrain à inventer.
À travers sa caméra, Rachel Cisinski nous plonge dans l’intimité de quatre vies marquées par des contextes difficiles : crise économique, instabilité politique, menaces climatiques. Qu’ils vivent en Guinée, en Inde, en Indonésie ou au Liban, ces jeunes sont confronté•es à des réalités que l’on préfère souvent ignorer.
Mais le documentaire ne se limite pas à la dureté du quotidien : il montre aussi la force, l’audace et l’espérance de cette génération. Ces jeunes ne se résignent pas, iels inventent des moyens d’agir, de s’exprimer et de faire entendre leurs voix.
Le film déroule alors une fresque intimiste à travers ces quatre portraits. Mamadou, réfugié guinéen installé en France, trouve dans l’écriture et le théâtre un exutoire, et rêve de réaliser un film qui raconte le parcours des exilés. À Jakarta, Dian vit dans un bidonville où chaque jour est une lutte pour survivre, mais son carnet de dessins devient un refuge : ses croquis prennent vie à l’écran et offrent un contrepoint poétique à son quotidien. De son côté, Laxmi, jeune Indienne de New Delhi, poursuit son rêve de devenir danseuse malgré une société conservatrice où une femme qui s’entraîne tard le soir ou aux côtés de garçons est jugée. Enfin, Soumayraa, dans le nord du Liban, parcourt son village avec son appareil photo, recueillant la parole des femmes et sublimant leurs visages dans l’objectif. Elle rêve de créer une ONG pour favoriser l’accès des femmes à l’éducation et à la vie politique.
Ces quatre récits se répondent, tissant un tableau où se mêlent la difficulté de vivre et la force de continuer à espérer, de créer et de porter un projet plus grand que soi.
Ce qui fait la singularité de I Am the Future, c’est la manière dont chaque histoire se raconte à travers une pratique artistique. Les dessins de Dian s’animent, la comédie musicale de Laxmi prend forme entre répétitions et images réelles, Mamadou imagine un scénario inspiré de son exil, et Soumayraa immortalise la dignité des femmes qu’elle photographie. Ce procédé donne au documentaire une dimension poétique et universelle : l’art devient une arme douce, un langage commun capable de dépasser les frontières.
Chaque parcours se concrétise à travers un moment fort : la prise de parole de ces quatre jeunes au siège des Nations Unies, à New York, le 17 octobre 2023, à l’occasion de la Journée internationale de la pauvreté. Des ruelles de leurs quartiers jusqu’à la tribune mondiale, ils incarnent une jeunesse qui refuse le silence et choisit l’action.
I Am the Future s’émancipe des récits habituels souvent façonnés par un regard occidental. Ici, ce sont les jeunes eux-mêmes qui racontent leur histoire, avec leurs mots, leurs gestes et leurs créations. Le documentaire refuse d’enfermer leurs parcours dans le registre de la pitié : il révèle au contraire leur capacité à transformer l’adversité en force, à inspirer plutôt qu’à susciter la compassion.
À travers leurs voix et leurs œuvres, Mamadou, Dian, Laxmi et Soumayraa nous rappellent que l’art et l’engagement peuvent devenir des leviers d’émancipation. Leur énergie ne gomme pas les difficultés, mais elle invite à les regarder autrement, non pas comme des destins figés, mais comme des horizons en construction.
I Am the Future au cinéma le 10 septembre.
Durée 1h38.
© Youth Vision / Wayna Pitch