Ce premier long métrage de Molly Manning Walker programmé au dernier festival du film britannique de Dinard s’inscrit dans le genre du coming of age film, initié par American Graffiti (1973), autrement dit de lycéens célébrant l’arrivée des vacances, dont les affaires de cœur et de corps prennent le pas sur les études.
Ici, la bande son n’est pas prépondérant et ne joue pas le rôle de fil conducteur au récit. Les protagonistes sont trois petites Anglaises de Bradford avec leur fort accent du Yorkshire qui débarquent à Malia, en Crète, en attendant les résultats du baccalauréat. Elles font de la coloc dans un appart-hôtel pour touristes. De la ville, on ne verra rien du tout, si ce n’est la rue principale, plus déserte dans la journée qu’une place au Far West avant un règlement de compte. Le trio n’est ni venu visiter le palais de Cnossos, ni s’adonner à la bronzette ou à la natation mais mener une vie de bâton de chaise, loin des parents.
Nos demoiselles veulent boire des alcools forts, passer la nuit en boîte et, le cas échéant, se livrer à des bacchanales. Ce, en toute candeur. Il est urgent de s’envoyer en l’air. Autant d’épreuves d’un rite d’initiation ou de passage que ces néophytes affrontent avec vaillance et impétuosité. Pour se motiver, si tant est qu’il le faille, elles ne cessent de se répéter qu’elles passent les meilleures vacances de leur vie, fortifiées en cela par le sentiment d’amitié qui les lie. La conscience de former un peer group uni est le leitmotiv du film.
Sauf que ce détachement affiché et cette joie artificielle mènent à l’isolement de l’une d’entre elles, Taz, qui n’ose dire à ses amies qu’elle n’a jamais connues d’amour autre que platonique. Nolens volens, elle se sent poussée, par la pression du groupe, à passer à l’acte à contrecœur. Elle accompagne un garçon, une nuit, sur la plage. Les intentions de celui-ci paraissent claires et, par-dessus le marché, il ne lui est même pas sympathique. On comprend que cette première expérience soit vécue comme non consentie.
Dans la seconde partie du film, la caméra suit le personnage de Taz, interprétée par Mia McKenna Bruce dont le visage photogénique, cadré serré, traduit les émotions changeantes. Le ton du film change alors. À l’euphorie fallacieuse du début succède un tempo plus lent empreint de mélancolie. Toujours est-il que film ne tombe jamais dans le moralisme ou dans le sentimentalisme. Molly Manning Walker adoptant un point de vue de sociologue. Les séquences finales communiquent une expérience qui sonne comme du vécu et donnent profondeur et gravité à How to Have Sex.
Visuel : Mia McKenna Bruce dans le film, photo © Condor Distribution.