Steven Knight, créateur acclamé de Peaky Blinders, est de retour sur Netflix avec House of Guinness, fresque irlandaise incontournable de cette rentrée 2025.
Après nous avoir, entre autres, conté la suite des aventures des Special Air Services (forces spéciales britanniques) dans la saison 2 de Rogue Heroes, puis nous avoir plongé dans les bas-fonds de la révolution postindustrielle dans l’East End londonien avec A Thousand Blows, Steven Knight continue sur sa lancée des fresques historiques en revisitant les tribulations de la famille Guinness, l’une des dynasties les plus célèbres et anciennes d’Europe. House of Guinness s’ouvre sur les funérailles de Sir Benjamin Lee Guinness, l’homme à l’origine de l’immense succès de cette brasserie de renom. La série ne se concentre donc pas sur cette figure majeure irlandaise, mais sur l’impact de son testament sur ses quatre rejetons.
Ses enfants Arthur (Anthony Boyle), Edward (Louis Partridge), Anne (Emily Fairn) et Ben (Fionn O’Shea) héritent en effet d’une fortune colossale et de domaines à gogo, mais surtout d’une responsabilité titanesque : défendre et préserver coûte que coûte le nom Guinness et accroître l’expansion de cette bière noire devenue l’un des symboles de l’Irlande. Le hic étant que le testament contrarie les attentes et projets de chacun. Tandis que les aînés Anthony et Edward se voient confier les rênes de l’empire brassicole conjointement et à parts égales, les deux plus jeunes se retrouvent totalement exclus au motif de ne pas faire peser sur eux les tentations engendrées par la richesse. Une excuse, somme toute, bidon pour justifier l’éviction injuste du benjamin alcoolique et de l’unique femme de la fratrie. L’annonce fait l’effet d’une bombe et déclenche évidemment des rivalités familiales, dans une Irlande en pleine agitation sociale.
Steven Knight dénote à nouveau sa capacité à créer des récits funs, sexys et divertissants à l’efficacité redoutable. Intrigues et sous intrigues foisonnantes (quoiqu’un peu prévisibles pour certaines, mais non moins intéressantes), contexte historique savamment mis à contribution des arcs narratifs de la série et personnages aussi multiples que captivants, le showrunner britannique est décidément un véritable féru de pans d’Histoire insoupçonnés. Côté mise en scène, House of Guinness est également un régal. De son casting sans fausse note à des séquences en montage parallèle pour faire grimper la pression, en passant par des scènes rythmées par une bande son ultra-ondulante (de Fountain D.C. à Kneecap en passant par Flogging Molly), la série dynamite les fictions en costumes (trop) propres sur elles dans une reconstitution époustouflante du XIXᵉ siècle.
Plus qu’une fresque familiale haute en couleurs ponctuée de secrets, de rivalités et d’alliances, House of Guinness capture plus largement l’impact important et durable de la famille Guinness sur l’économie et la culture dublinoises. Des affrontements avec les Fenians aux ambitions diverses qui se jouent en parallèle à New York, la série déploie sur huit épisodes haletants les enjeux politiques et économiques qui gravitent autour du développement de la marque Guinness et de cette famille hautement influente, gangrenée ceci dit par une loyauté qui ne tient qu’à un fil. Une série captivante chaudement recommandée pour ce début d’automne.
House of Guinness de Steven Knight. Avec Anthony Boyle, Louis Partridge, James Norton… Grande-Bretagne. 8 épisodes x 60 minutes. Disponible le 25 Septembre 2025 sur Netflix.
Visuel : © Netflix