Le festival Cine Done de Bastia du 20 au 26 mars, a mis à l’honneur Yannick Bellon, artiste avant-gardiste et féministe. Elle aurait eu 100 ans en 2024.
Cine Done a rendu un hommage élégant à l’artiste à travers son art protéiforme : documentaire, long métrage, expo-photos dans le restaurant de l’Alboriu qui a accueilli la plupart des projections. Un cycle de films dédié à la cinéaste a permis de découvrir ou revoir des films qui ont marqué l’histoire du cinéma des années 70. Humaniste et féminine, Yannick Belon a toujours mêlé dans son œuvre une restitution rigoureuse, sûrement inspiré par ses débuts de documentariste, et un regard pudique sur l’évolution des mœurs pour affirmer en douceur : regarde les femmes changer -et les hommes aussi.
Dans les années 70, Nadine « une femme de » qui a vécu dans l’ombre de son mari pendant plus de 15 ans sombre dans un profond désespoir lorsqu’il lui annonce son intention de divorcer. Peu à peu, elle parvient cependant à dominer sa détresse et affirme sa personnalité. Elle saisit l’opportunité d’un job de « métreuse en surface corrigée » ; et à travers son travail, initie l’apprentissage de son émancipation forcée. Elle découvre devant le juge les notions de « foyer familial », et de « pension alimentaire ». Terminologie désuète, ce qui prédestine à l’époque d’une future libération de la femme exalte sa mélancolie poétique et la reconnecte à ses émotions, à ses passions de jeunesse « est-ce que le regret et la mélancolie sont révolus ? ». Outre l’éblouissant Claude Rich et les débuts de Hyppolyte Girardot, Yannick Bellon capture subtilement l’air du temps autour des symboles du travail et du mariage, pour montrer un déterminisme déjà hostile, qui ne vise que les femmes. Elle montre aussi l’irrésistible ascension des femmes. Nadine découvre qu’elle existe par elle-même. Redevenue attractive, son futur-ex-mari est de nouveau sous le charme. Mais la femme de Jean est devenue quelqu’un d’autre.