Présenté au Sundance Film Festival en 2024, Freaky Tales, patchwork pop et diablement déjanté réalisé par Anna Boden et Ryan Fleck, débarque enfin dans l’Hexagone.
Si les blases d’Anna Boden et Ryan Fleck vous sont inconnus, ils ont pourtant acquis une petite renommée internationale après avoir été aux manettes de l’efficace mais peu révolutionnaire Captain Marvel en 2019. Le duo de cinéastes américains peut par ailleurs se vanter d’avoir constitué au fil des années une filmographie des plus variées, dont on apprécie tout particulièrement les très chouettes Half Nelson (2006) et Une Drôle d’Histoire (2010). Pour leur dernier né, baptisé Freaky Tales, Anna Boden et Ryan Fleck propose cette fois-ci une anthologie découpée en quatre histoires interconnectées se déroulant à Oakland en 1987.
Anna Boden et Ryan Fleck livrent un projet loufoque, énergique et foisonnant qui rappelle malgré lui le tout aussi fou Escape From the 21th Century de Yang Li, qui a pour sa part eu le privilège de se frayer un chemin jusqu’à nos salles obscures françaises fin août. Freaky Tales ne choisit ni un seul récit, ni un genre cinématographique en particulier, ni même une forme précise dans sa mise en scène, préférant plutôt muter constamment sous les yeux ébaubis du spectateur. Du format 4/3 au grain d’images ultra-rétro, de l’animation à la science-fiction, de la romance au gore, Freaky Tales déroule des intrigues plurielles, surnaturelles et farfelues, baignées de clins d’œil délectables, de Pulp Fiction à Scanners, en passant par The Warriors et Kill Bill.
Boosté par son côté infiniment punk et une bande sonore ondulante à souhait, Freaky Tales convoque de nombreux films sans se contenter d’en être une pâle imitation. Dans ce cocktail audiovisuel survitaminé, on croise au gré des quatre chapitres qui composent le film des personnages des plus hétéroclites. D’une baston sanguinolente entre des néonazis et des punks, à un duo de rappeuses ambitieuses bien décidées à mettre le machisme à terre, au dilemme moral d’un criminel récemment à la retraite campé par Pedro Pascal, jusqu’à un acte final ultra stylisé mené par une star du basket local habile du sabre bien décidée à venger sa famille, Freaky Tales explose les styles et les codes d’un bout à l’autre de ses intrigues avec un plaisir communicatif.
La multiplicité des thématiques du nouveau long métrage de Boden et Fleck confère à l’ensemble une dimension contemporaine et sincère. A travers son humour noir et son regard critique, Freaky Tales évoque tour à tour la montée de l’extrême droite, la marginalisation des femmes, le racisme ou encore la tolérance et la justice sociale. L’ensemble est un peu foutraque par endroit, soit, mais le film a tout de même un large panel de qualités à revendre qui valent à elles seules le détour. Dernière note, si les histoires contées semblent totalement inventées, elles sont pourtant inspirées de faits réels, qu’on laisse les plus curieux.euses découvrir par eux-mêmes sur l’Internet.
Freaky Tales de Anna Boden & Ryan Fleck. Avec Pedro Pascal, Ben Mendelsohn, Jay Ellis… États-Unis. 01h47. Disponible en VOD le 4 Décembre 2025.
Visuel : © D. R.