La septième édition du Festival du film social bat son plein jusqu’au 16 octobre, partout et dans la France entière.
Porté à la fois par des fans de cinéma et des travailleurs et travailleuses sociales.aux, le Festival du film social a pour objet de mettre en lumière ces métiers de l’ombre, ces « derniers de cordée » un temps mis à l’honneur lors de la crise du Covid avant d’être relégués dans les limbes d’un monde volontiers oublieux des plus fragiles. C’est cette union de la culture et de la solidarité que célèbre cette année encore ce festival.
Cet attachement aux conditions des un.es et des autres n’est pas un vain mot : rayonnant sur l’ensemble du territoire hexagonal, le Festival du film social fait cinéma de tout, projetant les œuvres sélectionnées dans des salles dédiées au septième art comme dans des centres sociaux. À cette pluralité des lieux répond celle des formats (de quatre minutes à deux heures) et de formes, entre animation et prise de vue réelle.
L’ouverture du festival a eu lieu aux Cinq Caumartin à Paris. Y était projeté le film On vous croit de Charlotte Devillers et Arnaud Dufeys, en présence de la réalisatrice. Celle-ci, infirmière de son état, fréquente assidûment des jeunes victimes de violences sexuelles et d’inceste. Aussi son film est-il consacré à cette dernière question. Elle a pour ce faire consulté les rapports de la Civiise, échangé avec le juge Edouard Durand, ancien directeur de la Civiise, et de nombreuses victimes. Il en ressort un film dur et fort, qui bouscule en permanence les émotions du public malgré une apparente simplicité esthétique.
Le choix des auteur et autrice du film a été de se concentrer sur le personnage de la mère d’un enfant incesté. Elle y vit un énième passage au tribunal face à un mari (Laurent Capelluto) qui tente de récupérer la garde de l’enfant qu’il a violé. La force du film tient en grande partie aux longs fixes sur le visage de cette mère, qui se débat avec sa colère et sa terreur à l’idée que son fils doive retrouver son bourreau.
La qualité d’interprétation de Myriem Akheddiou, qui oscille entre retenue et débordement des émotions, bouscule les spectateurs et spectatrices. Outre le partage de sentiments, la focalisation sur ce personnage permet aussi de battre en brèche les reproches souvent adressés aux mères des familles incestueuses, accusées de fermer complaisamment les yeux devant les agissements de leur époux. La réalité est bien entendu tout autre : les mères qui soutiennent leurs enfants sont régulièrement accusées de les instrumentaliser pour régler des comptes qui leur seraient propres. Ainsi, la garde de ceux-ci est confiée au père agresseur.
La violence des propos à laquelle doivent faire ces mères est au cœur des nombreux dialogues du film. Elle fut également au centre des échanges de la salle, durant le débat qui suivit le film. Et c’est là l’un des grands intérêts du festival : ces échanges qui donnent chair aux problématiques des films par la seule présence de personnes concernées.
Festival du film social.
Visuel : affiche du film