Sous l’œil bienveillant de Romy Schneider, choisie comme tête d’affiche pour cette 13e édition de «De l’écrit à l’écran», nous avons passé les trois premiers jours d’ouverture du festival en compagnie de Charles Azanavour, Vincent Lindon et de Louise Courvoisier aux portes de la Provence.
Ce festival, connu de tous les habitants de la région, a réussi une fois de plus à attirer un grand public ; la plupart des séances complètes dès les premiers jours, ajoutant à cela les 10900 scolaires conviés à participer aux séances et aux activités organisées tout au long du festival. Une majorité de bénévoles sont bien habitués à l’événement auquel certains participent depuis le commencement ; retraités et étudiants, tous se donnent à cœur pour assurer la meilleure des expériences aux nombreux spectateurs.
Toute la ville se mobilise pour donner vie au festival, les deux cinémas d’arts et essais de La Nef et des Templiers, mais aussi le théâtre et le Palais des Congrès. On déambule dans le petit centre historique pour aller d’une projection à une autre, pour enfin aller au Village du festival. Celui-ci se trouve au sein même du Palais des Congrès, on y trouve buvette et food-stand, entourant de nombreuses tables hautes et même un espace VR. La grande scène est utilisée pour animer des rencontres, auxquelles on peut aussi assister depuis le bar ou son fauteuil.
Situé non-loin du centre-ville, nous sommes accueillis pour la cérémonie d’ouverture au Palais des Congrés Charles Aznavour par un grand tapis rouge, tout le public impatient d’entrer en salle ; quoi de plus normal que d’ouvrir avec le film de Mehdi Idir et Grand Corps malade : Monsieur Aznavour… La séance complète depuis déjà quelques jours, la sortie du film tant attendu. On assiste d’abord à un discours de la directrice de l’association Vanessa Lhoste, fière de présenter pour une nouvelle année le festival; à ses côtés le maire de la ville Julien Cornillet, accompagné de la consule arménienne qui a fait un discours percutant sur les étroites relations France-Arménie, dont l’ambassadeur culturel principal restera Charles Aznavour. Aznavourian de son vrai nom, le film retrace depuis sa petite enfance jusqu’à l’apogée de sa carrière. Touchant, axé sur la recherche obsessionnelle de l’excellence et de la gloire…
Dans la grande salle du Palais, c’est près de 1500 personnes qui ont assisté à la projection. Entre rire et larmes, un portrait haut en couleur et en émotion, qui a sans mal redonné vie à l’artiste de la Bohème.
On le voit placardé partout dans la ville, c’est l’invité d’honneur du festival, l’acteur est venu présenter le film « Jouer avec le feu » réalisé par Delphine et Muriel Coulin, qui lui a valu le prix d’interprétation à la Mostra de Venise. On le retrouve dans le grand théâtre de la ville, pour une masterclass animée par Thomas Snégaroff. Dans une ambiance conviviale, l’acteur oscille entre digression métaphysique et anecdote de tournage. On retiendra qu’il défend son jeu « instinctif », se comparant à un labrador à qui on jette une balle. Proche de son public, il se défend d’avant tout « d’aimer les gens » en parallèle « d’aimer de moins en moins ce qu’il fait ».
Le film en lui-même est très saisissant, adapté d’un roman, les deux réalisatrices peignent une toile sociale sur un père et ses deux fils, l’un sorti de prépa à khâgne et l’autre s’enfonçant dans les dérives d’un groupe extrémiste… Une leçon très humaine, qui ne montre du doigt que l’ignorance, et l’importance du dialogue.
Nous faisons un détour par le Village du festival au stand éphémère de La Nouvelle Librairie Baume, où côte à côte on retrouve des livres liés au cinéma de près ou de loin. Tous les ouvrages ayant inspirés les films de la programmation sont présentés, ainsi que d’autres comme Les 100 femmes réalisatrices de Véronique Le Bris ou Le Petit Prince de Saint Exupéry. Le weekend s’achève avec le film de Louise Courvoisier « Vingt Dieu », premier long métrage de la réalisatrice, diplômée de la Ciné fabrique de Lyon. Une histoire qui tient place dans le Juras, dans le petit village d’où est originaire la réalisatrice. Une fiction entre la fable et le conte, on suit Antone, 18 ans, fils de fromager, qui se retrouve à devoir s’occuper de sa petite sœur à la mort de son père lors d’un accident de voiture à la suite d’une soirée alcoolisée. Lui qui était plus habitué à picoler dans les bals du village, il va essayer de fabriquer le meilleur comté afin de décrocher le prix de la feuille d’or. Entre magouille, bagarre, et amourette, c’est un tableau très touchant que peint Louise Courvoisier de la ruralité jurassienne. Le film nous enseigne par la même occasion tout le processus de fabrication du fromage comté, ainsi que de belles leçons d’amitié. La sortie du film prévue en janvier 2025, c’est une grande entrée dans le cinéma pour la réalisatrice.
Ainsi s’achève notre aventure au festival De l’écrit à l’écran de Montélimar, dans un climat chaleureux et humain, autant par la sélection des films projetés, que par l’expérience sociale qu’il a créé.
Crédit photos: Georgia Velasco