Après avoir présenté son deuxième long-métrage After This Death à la Berlinale 2025, le réalisateur argentin Lucio Castro laisse découvrir un film fantasmagorique à Cannes, présenté par l’ACID. Drunken Noodles. Adnan arrive à New York pour y passer l’été, effectuant un stage dans une galerie d’art où est exposé un artiste plus âgé qu’il a croisé l’été passé. Son quotidien se frictionne alors au rythme des rencontres et des retours dans son passé.
Entre passé et présent, le réalisateur efface les limites temporelles et fictionnelles pour plonger dans une atmosphère onirique, fantastique et érotique. Le long-métrage est entrecoupé par les broderies de cet artiste plus âgé, qu’il rencontre au détour d’une balade en forêt. Elles compartimentent alors le film en trois parties, tout en évitant la chronologie.
Des rencontres mystérieuses emportent ensuite les spectateur.ices dans l’abandon salvateur d’Adnan au cours de ses errances.
Par des scènes et des ambiances oniriques, le long-métrage s’orne d’effets irréels : des couleurs, des rencontres impromptues, des disparitions soudaines et des réapparitions surprenantes. Les éléments fantastiques s’invitent dans ces espaces urbains ou naturels : un centaure dans le crépuscule de la forêt ou, plus subtilement, un livreur muet sur un vélo aux néons dans les rues de New York.
Le film explore l’amour, la sexualité et l’art. Comme une invitation dans l’intime, au courant de ces deux étés qui s’entremêlent, les désirs et les fantasmes d’Adnan se révèlent aux yeux des spectateur.ices. Qui sait s’ils sont avérés ou s’ils restent dans les coulisses du désir individuel ? Quelles sont les limites entre les rêves d’Adnan et sa réalité ? Entre ces retours dans le passé et sa vérité actuelle ? Rien n’est laissé certain. Tout peut être désir, fantasme ou réel.
La fin déroute finalement le personnage et les spectateur.ices avec lui. Dans un jardin parfaitement entretenu, seul, Adnan foule la pelouse méticuleusement tondue, puis s’allonge longuement. Les failles temporelles et fictionnelles se referment : qui sait où l’on peut bien être ? Tant que les images sont belles et poétiques, on se délecte de ces effets, comme de ce plat qui réduit le niveau de l’ivresse, Drunken Noodles.
Visuel : ©Lucio Castro Drunken Noodles