Rennes-le-Château et ses environs accueillent, du 8 au 12 août, une nouvelle édition du Festival du film insolite. Petit échange avec la fondatrice, Fanny Bastien.
C’est un appel du ciel de l’Aude : c’est le lieu qui nous a choisi·e·s, Geoffroy Thiebaut et moi-même. J’étais en convalescence, après deux opérations très graves de la tête. C’est un des lieux les plus insolites de France que je connaisse : soixante-dix âmes y vivent et le monde entier y vient régulièrement.
C’est un site qui a été créé par l’abbé Saunière pour du tourisme spirituel [abbé ayant vécu de 1852 à 1917 dans l’Aude et étant en effet pour beaucoup dans la notoriété de Rennes-le-Château, où a lieu le festival – il a également été soupçonné d’enrichissement personnel par l’intermédiaire d’un trafic de messes et il reste, dans la culture commune, associé à un trésor supposé, qui expliquerait cet enrichissement].
Projeter des films dans des lieux de patrimoine, c’est une façon d’honorer l’histoire, de préserver la culture.
L’association des bâtisseurs de l’insolite [association fondée par Fanny Bastien et Geoffroy Thiebaut en 2014 en vue de créer ce festival] s’est créée pour préserver le patrimoine, culturel comme industriel, d’où cet amour pour la fabrique de Montcapel à Montazels [ancienne chapellerie où ont lieu des projections].
Nous sommes transporté·e·s dans un autre temps et, énergétiquement, ce sont des lieux magnétiques, de lumière et tou·te·s nos invité·e·s ou le public s’y redécouvrent et vivent un moment à part, unique peut-être.
Je ne crois pas qu’il y ait des mal-aimés. Le court-métrage permet à des jeunes de se rendre visibles, d’apprendre à créer, à financer un film. Nous devons faire des sessions avec certaines écoles à ce propos, dans l’Aude. Les documentaires sont au contraire de plus en plus appréciés, les gens cherchent l’authenticité et il n’ y a pas d’âge pour cela. Le documentaire, comme le court-métrage, permet d’explorer certains sujets que l’on ne peut pas toujours faire en fiction ou d’être en avance sur certains sujets. Par exemple une année, nous avons eu un documentaire sur la mousse Sa majesté les mousses [film documentaire de 50 minutes de Jean-Philippe Teyssier, Bruno Victor-Pujol, datant de 2022], un documentaire extraordinaire, à la fois poétique et scientifique, qui nous dit que la mousse a un rôle très important à jouer sur l’oxygène.
Ce n’est pas une question d’être plus insolite d’une année à l’autre. Chaque année, c’est un véritable challenge, un véritable défi
que de monter ce festival. Nous n’avons pas assez de bénévoles sur place : nous sommes dans de petites communes, j’ai des bénévoles qui viennent de Paris. Cette année, nous allons inaugurer pour la première fois les compositeur·rice·s de musique de film. Et chaque année, nous sommes sous le signe d’un nouvel élément de la nature. Cette année, c’est le minéral.
Et comme disent les Kogis dans ce documentaire fabuleux Shikwakala de Michael Leze et Eric Julien que nous allons projeter cette année : « quand je m’assois auprès de pierres, elles m’envoient des messages. »
Photo : © David Roca