La 22e édition du festival Images mouvementées, organisé par ATTAC Paris Nord-Ouest, aura lieu du 17 septembre au 3 octobre au cinéma 5 Caumartin, à Paris. L’occasion d’échanger avec Eve-Marie Bouché, la coordinatrice de l’événement.
Je n’étais pas là au moment de la création du festival, même si j’ai rejoint assez vite l’équipe. C’était en fait le grand boom d’ATTAC. Il y a un groupe cinéma qui s’était créé au sein d’ATTAC et qui a eu envie de faire ce festival. L’événement s’est retrouvé porté par un comité local, le comité Paris Nord-Ouest. C’est un festival du cinéma, avec des projections et des débats.
Il faut dire qu’au début, c’était une énorme manifestation, c’est-à-dire qu’il y avait des projections, quatre projections par jour pendant une semaine. On a dû revoir ça à la baisse quand on a perdu la subvention de la région.
Oui, dès qu’elle est passée à droite, on a perdu la subvention. Avant, on avait un grand thème par édition et là, maintenant, on a en fait deux séances par semaine pendant trois semaines. Ça nous donne plus de liberté d’avoir un thème maintenant par séance. On peut coller un petit peu plus aux avant-premières, aux sujets d’actualité, ou simplement un film qu’on a vu et qui nous intéresse.
On fait vraiment la programmation de manière collective. On se voit toutes les semaines pendant plusieurs mois pour regarder les films. Moi, je me charge un peu de tout ce qu’il faut faire derrière pour que ça fonctionne.
Oui, ça, après, on est pas très fort pour trouver de l’argent. Mais on organise les partenariats, tout pour que ça fonctionne, on négocie les films avec les distributeurs, on contacte lesintervenant.es, on anime les débats…
L’idée c’est d’être aussi larges que possible, d’être aussi variés que possible, et de ne pas être resserrés sur ce qui se passe en France, de voir aussi ce qui se passe à l’international. En général, on essaie d’avoir des courts, des longs, des films beaucoup diffusés, d’autres pas du tout, même éventuellement des films anciens.
On n’a plus tellement de films sur les conditions de travail des ouvriers. En fait, quand on voit les ouvriers, c’est plutôt au moment où leurs usines sont menacées de fermeture, c’est plus sur des mobilisations pour sauver des emplois. Après, sur les conditions de travail au quotidien des ouvriers, on en voit moins. Alors, c’est vrai qu’il y en a moins aussi, peut-être, que à une certaine époque.
Mine de rien, il y a quand même beaucoup d’usines qui ont été délocalisées, donc ça concerne quand même moins de gens qu’à une certaine époque. Après, j’ai pas d’explication sur le pourquoi.
On le sent bien, les services publics d’une manière générale sont menacés. Il y a plusieurs aspects dans le film. Il y a les chômeurs et chômeuses qui sont vraiment confronté.es à la machine impitoyable, tout ce qui peut y avoir de kafkaïen. Après, il y a aussi des experts, il y a différents types de paroles.
C’est justement parce que ces politiques sont assez scandaleuses que les artistes sont touché.es forcément par ces milliers de morts et qu’il va y en avoir probablement encore en Méditerranée. Après on se dit : comment pourra-t-on justifier d’avoir laissé faire ça ?
Dans le film, on est à bord de Ocean Viking, un bateau de SOS Méditerranée. Il n’y a pas de voix off, on est au cœur de ce bateau, avec les opérations de sauvetage. On voit tous les aspects de la vie à bord , avec aussi les gardes-côtes libyens qui traînent dans le coin. Il faut arriver avant eux, donc il y a un suspense. Beaucoup d’émotion aussi.
C’est le même fonctionnement, un peu partout. Alors, à des échelles, à des degrés différents, peut-être, avec la privatisation de ce qui devrait être de l’ordre du service public. Même l’humain devient un objet de spéculations, les personnes sont considérées comme un investissement.
Il montre bien ce qui se passe à Gaza. On ne peut pas dire que c’est partisan, c’est juste montrer à travers le regard de ces deux protagonistes ce qui se passe là-bas, y compris au sein des familles. On voit les répercussions, les divisions.
Oui, c’est ça qui est merveilleux aussi. Même si c’est un film qui dénonce ce qui se passe là-bas, cette amitié donne aussi une note d’espoir et montre qu’une entente, finalement, est possible aussi.
Il y a à la fois un peu les vieux de la vieille, qui sont allés assez loin dans leur action, dans les moyens de défendre leurs idées, qui racontent ça à des jeunes militantes notamment d’Extinction rébellion. Et donc les méthodes ne sont pas exactement les mêmes, mais peuvent aussi friser aussi l’illégalité. C’est cette réflexion. On est vraiment installé autour du feu avec eux et on discute. On participe à cette discussion entre deux générations qui sont toujours un peu confrontées à « qu’est-ce qu’on fait, jusqu’où on peut aller, jusqu’où on ne peut pas aller ? ».
C’est toujours des points de vue différents, complémentaires. C’est bien d’avoir à la fois le réalisateur du film, les universitaires, qui peuvent avoir du recul aussi et la parole des gens qui sont sur le terrain. Ça a toujours été le principe. Les échanges durent aux alentours d’une heure et quart. À chaque séance, et après aussi, on tient une table avec les publications d’ATTAC, les publications de nos partenaires et normalement les intervenants.
Oui. Le principe, c’est que, après la projection, on donne la parole aux intervenant.es assez brièvement (on leur demande vraiment de ne pas dépasser cinq minutes) pour lancer le débat, se présenter, réagir un peu au film… Et très vite, on fait circuler un micro dans la salle pour que ce soit vraiment un échange.
Comme on peut [rire] ! On essaie de multiplier les canaux. On diffuse des programmes partout dans Paris, on est sur les réseaux sociaux, on a des partenaires aussi. Par exemple, l’hebdomadaire Politis nous offre un encart.
C’est difficile à évaluer. On a toujours un public de militant.es, ça c’est sûr. Après, c’est assez variable aussi selon les thèmes abordés. On va toucher un public plus jeune sur certaines séances, avec des étudiant.es. On a un fond de public militant, mais pas uniquement. Par exemple, on a deux séances scolaires, avec Mothership et No Other Land, projetés à des lycéens et, à la suite, une discussion avec la réalisatrice de Mothership et un représentant d’une association.
Festival Images mouvementées
Cinéma Les 5 Caumartin, 101 rue Saint-Lazare, Paris 9e
Mardi 17 septembre 2024 à 20h
L’effet Bahamas + Débat : Main basse sur la caisse (de l’Assurance chômage)
Vendredi 20 septembre 2024 à 20h
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