Dirigé par un réalisateur espagnol, ce long film en forme de tentative, au parti-pris un peu original et louable, essaye d’atteindre à la poésie, il semble.
Un site archéologique, donnant à voir les vestiges de thermes issus de l’Antiquité Romaine. Un groupe de jeunes hommes vient s’y balader en journée. Sont-ils des jeunes soldats en permission ? des geeks évoquant leurs dernières parties en ligne ? Un peu tout ça à la fois, peut-être. La nuit, ils restent, se baignent, devisent, comme leurs ancêtres, peut-être bien.
Les ingrédients que met en place le réalisateur Gabriel Azorin sont à même de produire en vitesse un décalage clair, et efficace. Et partant de brasser des thèmes actuels. On ne se sent pas dérangé, d’emblée non plus, qu’il brouille les pistes. Mais son long-métrage annonce rapidement qu’il sera joué sur un seul ton. Tous les interprètes s’y expriment au même rythme, très lentement, et d’une manière que l’on peut trouver un peu désincarnée, parfois. On se dit que le but du réalisateur est peut-être d’aboutir à un film-poème. En l’état, l’attention peut se relâcher.
Les images sont belles, en soi. Surtout, on ressent ici l’envie d’approcher des mystères plutôt que de livrer de grandes idées tout de suite. La forme du long métrage atteint à l’ouverture, en effet. Côté questions posées, et réflexions des protagonistes présents à l’écran, les choses ne sont pas figées.
C’est davantage du côté de certains partis-pris qu’une impression de tournis en rond peut se faire sentir. Gardée tout du long identique, la direction des acteurs et de leur diction peut parfois virer à la pose. D’autant plus regrettable que le décalage opéré entre différents temps fonctionne très bien. À base, justement, de procédés très simples, subtils, guère voyants, infimes, eux.
Les Entrevues, Festival des premiers, deuxièmes et troisièmes films, se tiennent à Belfort jusqu’au dimanche 23 novembre 2025, pour leur quarantième édition.
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Visuel : Anoche conquisté Tebas © More Than Film