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27.02.2024 → 11.02.2024

El Pampero Cine : « Tout cela est possible grâce à la combinaison d’une sévérité dévastatrice et d’une générosité extrême »

par Yael Hirsch
08.02.2024

Radicalement indépendant, le collectif des quatre cinéastes d’El Pampero Cine est l’invité  de cette 2ème édition du Festival Regards Satellites (27 février-11 mars). Les réalisateurs présenteront leurs films la première semaine de mars à l’Écran de Saint-Denis. Et ils signent la bande-annonce magique de ce festival. Laura Citarella, Mariano Llinás, Alejo Moguillansky et Agustín Mendilaharzu répondent aux questions de Cult.news, partenaire de l’évènement.

Vingt ans de travail collectif, c’est un mariage long et résistant ! Comment a évolué cette union ?

Mariano Llinás : En principe, quelqu’un de superstitieux a du mal à répondre à votre question. Je me souviens d’une blague d’un dessinateur dans laquelle on pose la même question à un duo (musical, par exemple) et alors que l’un répond quelque chose, l’autre répond autre chose… Bref, ils commencent à discuter et finissent par se séparer à ce moment-là ! Autrement dit : s’il y a un secret, je ne pense pas que l’un de nous le connaisse, et il vaut mieux que ce soit ainsi… Quiconque a vu un film d’Hitchcock sait ce qui arrive à ceux qui connaissent des formules secrètes.

Agustín Mendilaharzu : Il y a plusieurs façons de voir cela. Si l’on regarde la dynamique du groupe, on peut dire que notre relation est régie par une série de forces opposées en tension permanente, générant une dialectique vertueuse. Depuis le début, nous avons combiné une énorme naïveté (et personne ne pouvait imaginer ces 20 ans, ni tous ces films !) et d’une aussi grande responsabilité (depuis le début, le projet occupe le centre de nos vies, et continue de le faire). Nos films combinent également beaucoup d’amateurisme (chaque film invente sa forme et inaugure une nouvelle manière de faire les choses en racontant aussi comment nous apprenons à le faire) et de professionnalisme (chacun de nous donne tout pour que chacun des films soit bon). Tout cela est possible grâce à la combinaison d’une sévérité extrême et dévastatrice, avec une générosité extrême et un amour extrême. Enfin, je pense que le groupe a su travailler de manière admirable la tension entre l’individuel et le collectif. Je crois que chacun de nous a trouvé dans le groupe un espace de développement personnel. Et ce qui nous sauve, nous abrite, nous protège, nous sauve à chaque fois, c’est le groupe. Le groupe est toujours le plus important.

Laura Citarella : Notre rencontre est une coïncidence inévitable, quelque chose qui devait arriver tôt ou tard. Du moins, il m’est difficile de penser à comment j’aurais fait des films si je n’avais pas rencontré Alejo, Mariano et Agustín. Je ne pense pas qu’il y ait de secrets, et je ne pense pas non plus que nous soyons les premiers à travailler de cette manière. J’ai tendance à croire que la clé est de ne jamais cesser de travailler. Et si nous nous distrayons ou nous nous éloignons, c’est à travers les films et leurs exigences que nous résolvons les choses. Dans cette marée interminable d’événements qui se produisent lorsque l’on fait des films, où l’on vit une vie parallèle à la sienne, on construit d’autres façons d’être amis, d’être camarades et de créer des choses. De là, peut-être, naissent nos films.

Quel impact a la situation politique de l’argentine sur votre cinéma ?

Mariano Llinás : El Pampero Cine, comme vous vous en souvenez sans doute, est né au milieu d’une crise économique, celle de 2008. Et c’est cette crise qui a permis à une organisation comme El Pampero (avec le niveau de précarité qui existait à l’époque) de se frayer un chemin. En même temps, il faut dire qu’une organisation comme El Pampero (qui, en raison de son propre modèle de production, est moins affectée par les allées et venues de l’État) vit, pour ainsi dire, en crise. En d’autres termes, les années de prospérité du kirchnérisme, pendant lesquelles hypothétiquement l’État investissait dans la culture et spécifiquement dans le cinéma, ne nous ont pas inclus dans cette marée favorable : pour nous, cette époque était tout aussi difficile que n’importe quelle autre. Le mauvais (et le bon) côté d’être une organisation indépendante est que c’est difficile, peu importe le gouvernement, alors on pourrait dire que nous sommes devenus « durs à cuire », comme disent les Français. Cela étant dit, au-delà de l’indépendance que l’on peut avoir par rapport à l’État, il est également vrai que l’on fait partie d’une communauté, et si cette dernière est attaquée (comme c’est le cas maintenant avec le cinéma, qui semble être devenu la bête noire du nouveau gouvernement), nous sommes évidemment concernés. En ce sens, tous les cinéastes doivent être du même côté : notre ennemi est commun.

Agustín Mendilaharzu : Le résultat des dernières élections a et aura un impact sur absolument tout ce qui se passe dans notre pays, pas seulement sur nos prochains films ! Pour l’instant, il est difficile de prévoir ce qui va se passer, mais il est impossible d’être optimiste.

Laura Citarella : Quand j’ai commencé à faire partie d’El Pampero Cine, j’explorais encore les méthodes de travail traditionnelles de l’industrie. J’ai beaucoup appris au cours de ces années. Notamment qu’il est impossible de se former si un pays ne crée pas un contexte pour que les cinéastes réalisent des films. C’est seulement si le cinéma est possible comme industrie que des formes de production alternatives peuvent exister. Et nous – en tant que figures plus marginales au sein de la production cinématographique – avons toujours essayé de créer un dialogue afin de participer à la transformation de l’industrie. Il faudrait penser qu’un système de production se réinvente avec chaque film, et non l’inverse. En ce sens, peut-être que notre façon de survivre et de renverser les formules va être utile. Il faut faire exister les films. Il faut tourner, peu importe comment, et ne pas permettre que l’activité cinématographique de notre pays s’éteigne. Supprimer le cinéma, l’effacer, le réduire au caprice des artistes, le penser en termes de bénéfices économiques – c’est ainsi que certains secteurs de la direction politique et de la société argentine en parlent – est d’une brutalité jamais vue auparavant.

Concrètement, quelle est la formule de votre cinéma collectif pour produire des films avec peu de budget ?

Mariano Llinás : Ne le répétez pas, mais il se trouve que l’un de nous est très riche : sa famille est propriétaire de puits de pétrole et d’exploitations de gaz dans la mer Caspienne, en plus de posséder soixante pour cent des actions d’une célèbre entreprise automobile allemande. Cette immense fortune facilite les choses. Nous ne révélons pas son identité pour des raisons fiscales. Il y a aussi une certaine peur de l’enlèvement, mais il ou elle est protégé.(e) par de nombreux gardes du corps…

Agustín Mendilaharzu : Nous avons maintenu l’esprit que nous avions lorsque nous étions des étudiants en cinéma : nous continuons à collaborer à chaque film du Pampero Ciné sans demander de gagner l’argent dont nous avons besoin pour vivre. Nous avons tous des emplois (à l’intérieur et à l’extérieur du collectif) indépendants des films. L’argent généré par les films ne nous revient pas. Il est utilisé pour faire de nouveaux films, payer les collaborateurs et maintenir notre petite entreprise en activité.

Laura Citarella : Parce que le moteur d’un film qui émerge dans El Pampero Cine n’est jamais l’argent ; la liberté de penser et de réaliser est plus grande. La clé n’est même pas comment nous nous finançons. Si nous pensons du point de vue économique, la question est plutôt de savoir comment nous décidons de dépenser l’argent disponible. Et là, il y a un code, une éthique budgétaire que nous avons dû construire. Il n’y a pas de règles du marché, pas de superstitions, pas de fétichisme de la technologie, pas de chefs, pas de structure patronale. Nous travaillons comme le font souvent les groupes de musique ou les groupes de théâtre indépendants. Or, c’est quelque chose que le cinéma contemporain – même avec son empreinte collective – a cessé de pratiquer. Et puis, nous mélangeons le cinéma et la vie ; nous passons constamment de l’un à l’autre. C’est grâce à cela qu’il existe des films comme La Flor, comme El Loro y el Cisne, comme Clementina, comme Trenque Lauquen. Nous avons tourné Trenque Lauquen en six ans et parcouru plus de 10 000 kilomètres. Cela a impliqué un grand sacrifice collectif que tous les cinéastes ne sont pas prêts à faire.

Votre cinéma est aussi très exigeant. Qui est votre public et comment l’accompagnez-vous ?

Mariano Llinás : Si l’on met de côté la comparaison avec les grandes productions commerciales, je crois que nos films sont assez « populaires ». Autrement dit : aucun d’entre eux n’a été conçu comme un cinéma « hermétique » ou « élitiste ». D’ailleurs, nos films suscitent souvent un enthousiasme comparable à celui que suscitaient il y a quarante ans, les anciens films commerciaux. Dans ce sens, je pense que nous faisons des films « à l’ancienne », qui sont appréciés par un public  « à l’ancienne » non pas malgré leurs caractéristiques particulières, mais grâce à elles. Prenez par exemple la durée : curieusement, nos films les plus longs ont également été ceux qui ont le mieux fonctionné à l’international et ceux qui ont été vus par le plus de personnes. Comment pourrions-nous alors penser que la durée est un problème ? Mon impression, depuis toujours, est qu’il est erroné de penser au public en termes de chiffres, car les films sont destinés à vivre à travers le temps, ce qui rend leur public complètement énigmatique. Qui sait combien de personnes ont vu La Règle du jeu ?

Agustín Mendilaharzu : Je ne pense pas avoir de réponse à la question « qui est notre public », mais je peux dire que l’une des choses dont je suis le plus fier dans notre travail est d’avoir fait un cinéma à la fois sophistiqué et inclusif, un cinéma qui participe à des discussions artistiques complexes, mais qui n’exige pas du spectateur qu’il soit au courant pour comprendre ce qu’il voit, un cinéma qui, sans recourir à la vulgarité, est une grande porte d’entrée. Et nos films sont projetés une ou deux fois par semaine, selon un circuit non commercial, dans des espaces dédiés, avec lesquels nous avons déjà une relation presque familiale. Cela nous permet d’accompagner personnellement les projections. Nous essayons toujours d’être là pour présenter les films et parler avec le public, souvent avec nos familles. Eh bien, le mot « famille » apparaît plusieurs fois dans cette réponse et je pense que c’est une bonne clé pour comprendre notre mode de projection.

Laura Citarella : Nous ne pensons pas à un public lorsque nous faisons des films. Ils durent le temps qu’il faut, selon ce que l’univers ou la mise en scène exigent. Trenque Lauquen, par exemple, est un film qui s’est structuré au fur et à mesure de sa réalisation. Il n’y avait pas d’intention de durée. En ce sens, il est absurde de se demander « pourquoi faites-vous des films si longs ? ». On pourrait objecter « pourquoi faites-vous des films de soixante-quinze minutes ? ». Le fait que certains de nos films soient longs est lié – surtout – au fait de pouvoir les faire ainsi, avec cette liberté : Nous n’avons pas de contrats qui établissent des protocoles de vente, de durée ou de projection sur le marché.

À quel point Historias Extraordinarias a-t-il été programmatique for El Pampero Cine ? Y-a-t-il un programme « El Pampero Cine » et peut-on vous rejoindre ?

Mariano Llinás : Je dirais que si quelque chose a été « programmatique », cela s’applique uniquement à mes propres films. Aucun des autres ne travaille avec autant d’obsession sur ces plaines, ces récits en voix off ou ces astuces qui vont et viennent dans le temps. Jusqu’à Trenque Lauquen, notre travail avait été plus discursif et idéologique que cinématographique. C’est peut-être lui qui a été fondateur car c’est la première fois que nous avons mis en pratique tout ce que nous avions appris. En ce qui concerne les exigences du groupe, je dirais que la capacité de travail tendant à l’infini est la plus importante.

Agustín Mendilaharzu : Je pense que ce qui nous a unis toutes ces années, c’est un sentiment secret que faire du cinéma est la chose la plus importante qui soit et que cette tâche justifie et rend joyeux les sacrifices. El Pampero, c’est nous quatre et c’est très bien comme ça. Cela dit, El Pampero a eu et a des collaborateurs centraux sans lesquels les films seraient impensables, et cela a été pour ces personnes un lieu de développement. El Pampero leur appartient aussi et je ne vois aucune raison pour que cela ne continue pas ainsi, même si nous les avons parfois un peu épuisés !

Alejo, comment dirigez-vous vos comédiens ?

Alejo Moguillansky : Je n’ai jamais vraiment compris cette détermination exigée de la part des acteurs dans un film : quand commence/quand se termine-t-elle ? Disons-le : derrière la caméra, le plaisir réside dans le fait de voir non pas un, mais tous les degrés de transformation depuis une simple présence de l’acteur vers un engagement irrépressible dans l’interprétation : du niveau zéro à l’intensité la plus caricaturale ou, pour utiliser un terme français, un enthousiasme d’acteur proche du « cabotinage ». En tout cas, notre sujet est précisément cette transformation, de zéro à cent. Et de cent à zéro, quelque chose tragiquement similaire à la vie. Comme si le cinéma était capable de concevoir un documentaire sur l’origine de la fiction. En quelque sorte, tous les films d’El Pampero sont un possible documentaire de cette première poussée innocente vers cette Patrie appelée Fiction. L’important, de toute façon, est de ne pas oublier cette capacité extraordinaire : l’innocence de ce premier pas. Tout le cinéma est contenu dans ce petit geste gracieux.

Laura, dans votre film Les poètes rendent visite à Juana Bignozzi, il y a cette question : « Si la poésie et le cinéma se faisaient face, de quoi parleraient-ils ? ». Puis-je vous la poser cette question ?

Laura Citarella : Je crois que c’est précisément la question à laquelle le film ne parvient pas (et ne veut pas) à répondre. Des questions aussi vastes ne conviennent pas au cinéma. En revanche, elles servent de point de départ pour émettre des hypothèses et dériver vers d’autres choses. Or, dans le fonctionnement de la poésie, la rencontre entre deux choses produit une troisième chose. De manière similaire, Trenque Lauquen ne pourrait pas exister sans Las Poetas… et vice versa. Ce sont des choses qui s’entrecroisent, qui se transforment les unes les autres et qui produisent un sens différent. Comme les mots quand ils se rencontrent dans les vers, comme les images qui se rejoignent dans le montage.

Comment voyez-vous El Pampero Cine dans 20 ans ?

Alejo Moguillansky : Exactement comme dans une chanson anglaise

« Every summer we can rent a cottage
In the Isle of Wight, if it’s not too dear
We shall scrimp and save
Grandchildren on your knee
Vera, Chuck and Dave »

Laura Citarella : Je nous imagine ensemble, avec quelques années de plus, avec plus de films à notre actif. Mais je ne ressens pas que nous soyons très loin de là où nous sommes maintenant.

Visuel : affiche du festival

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