« Dragons » (2025) : Un remake sans surprise… mais qui fait du bien

Après Disney (Blanche-Neige, La Petite Sirène, Lilo et Stitch, etc.), c’est au tour de DreamWorks de se lancer dans les live-actions, ces adaptations de films d’animation tournées avec de vrais acteurs et décors. Et quoi de mieux pour inaugurer cette initiative que de revisiter l’incontournable classique Dragons ? Vous la sentez venir, la vague de nostalgie ?

Basé sur les romans de Cressida Cowell, ce nouveau film est co-produit et réalisé par Dean DeBlois — une nouvelle rassurante pour les fans, puisque ce dernier a aussi signé le film d’animation de 2010 aux côtés de Chris Sanders.

Le pari est donc double : réussir à capturer la magie du dessin animé tout en offrant une expérience inédite à travers le passage au live-action. Mais cette fidélité presque sans faille au matériau d’origine sera-t-elle suffisante pour convaincre ?

On vous en dit plus.

Même dragon, nouvelle peau

Nous voici de retour sur l’île de Beurk aux côtés d’Harold (Mason Thames), un jeune garçon un peu à part, au regard vif et à l’humour bien à lui, fils du charismatique leader du clan : Stoïk la Brute (Gerard Butler).

Pour les habitants de Beurk, les dragons sont des ennemis : ils attaquent les villages, volent les vivres, détruisent les foyers. Stoïk a d’ailleurs perdu sa femme — la mère d’Harold — lors d’une bataille contre l’un d’eux. Les combattre est donc devenu une routine, voire même un devoir.

Peu taillé pour le combat, Harold semble tout l’opposé de son père. Pourtant, poussé par le poids de son héritage, il tente de prouver sa valeur… jusqu’au jour où il blesse un dragon rare, qu’il choisit de ne pas achever. Une décision qui va tout changer.

Le contraste entre Harold, qui peine à trouver sa place parmi les siens, et Krokmou, également isolé de son espèce, est frappant. Leur solitude respective devient un pont entre eux, une rencontre de deux exclus qui, ensemble, se réparent et se redéfinissent. Le film réussit à recréer cette évolution subtile, étape par étape, avec justesse. La complicité qui naît peu à peu entre eux, de la peur à la confiance, de la méfiance à la tendresse, nous avait bien manqué et fonctionne à nouveau, même en prises de vues réelles.

Dean DeBlois a souhaité reprendre lui-même les rênes de cette adaptation — son tout premier film en prises de vues réelles — afin que l’œuvre originale ne soit pas trahie.

Dans cette version, les dragons apparaissent plus vrais que nature tout en respectant les designs iconiques du film d’animation. Krokmou, en particulier, conserve son expressivité et sa douceur caractéristiques, sans jamais tomber dans le réalisme froid. Un vrai plaisir pour les fans, qui ne se sentent jamais dépaysés et une belle découverte pour ceux qui commencent l’aventure avec ce remake.

Immersion sur l’île de Beurk

Si Dragons version 2025 reste très proche du matériau d’origine, c’est en grande partie grâce à son casting particulièrement bien choisi. Chaque acteur semble taillé pour son rôle. Mason Thames incarne avec justesse Harold : intelligent, sincère, un peu maladroit, il porte le film avec un jeu empreint de délicatesse.

Les autres ne sont pas en reste — c’est d’ailleurs l’une des forces du remake. Mention spéciale à Gerard Butler, magistral dans le rôle de Stoïk la Brute, dont il transmet à la fois le charisme et la puissance. Nick Frost campe un Gueulfor parfaitement dans le ton, et Nico Parker donne à Astrid toute la force et la témérité attendues. On retrouve aussi les camarades de Harold : Rustik le Morveux (Gabriel Howell), Varek (Julian Dennison), et le duo Kognedur/Kranedur incarné avec justesse par Bronwyn James et Harry Trevaldwyn.

Mais c’est aussi sur le plan sensoriel que le film marque des points. Les scènes de chasse et de combat sont particulièrement bien réalisées, avec un vrai sens de l’immersion. C’est peut-être là que le live-action tire son épingle du jeu : en renforçant la sensation de danger, de mouvement, de proximité.

Cela vaut aussi pour les scènes de vol (ou de tentative de vol !) entre Harold et Krokmou. La caméra accompagne les mouvements de Krokmou avec fluidité, donnant une réelle sensation de vertige et de liberté. On a réellement l’impression de survoler l’île de Beurk, de la découvrir à travers les yeux d’Harold — et c’est une franche réussite. Un moyen pour nous d’explorer l’île et ses paysages : forêts, falaises, étendues d’eau : chaque plan invite à la découverte, renforçant encore l’immersion du spectateur dans ce monde à la fois sauvage et magique.

Une fidélité touchante mais facile

Ce remake permet aux fans de replonger dans leur enfance — ou de la faire découvrir à une nouvelle génération. Car oui, Dragons version 2025 est bien un film pour les petits comme pour les grands, accessible et généreux.

Mais sa faiblesse principale réside dans ce manque de prise de risque. La plupart des scènes sont reprises quasiment plan par plan, avec des dialogues souvent identiques à ceux du film d’animation. L’origine se retrouve partout — trop partout, peut-être. On peut alors se demander : ce remake est-il un simple copier-coller ? Une réponse un peu facile à la mode du live-action ? Ou une vraie volonté de raviver une flamme chez les spectateurs ? La question mérite d’être posée. À l’heure où les studios misent sur la nostalgie, Dragons s’inscrit dans une tendance rassurante, mais interroge sur la place de la création originale au cinéma.

Peut-être aurait-il été possible d’apporter quelques nuances, des ajouts discrets ou une relecture subtile, tout en restant fidèle à l’esprit de 2010. Cela aurait permis au film de trouver sa propre voix, sans trahir les attentes des fans. À l’heure où les studios misent sur la nostalgie, Dragons s’inscrit dans une tendance rassurante, mais interroge sur la place de la création originale au cinéma.

Quoi qu’il en soit, Dragons 2025 réveille nos petites âmes d’enfant, et réussit une chose essentielle : nous toucher à nouveau en plein cœur. Les scènes entre Harold et Krokmou sont toujours aussi émouvantes, portées par une mise en scène sincère. Leur relation renaît à l’écran, et rien que pour cela, le voyage vaut le détour.

Dragons (How To Train Your Dragon) au cinéma le 11 juin 2025.