« Dear you » : la série alternative à Emily in Paris qui fait du bien sur Amazon Prime

Jeune-fille communicante cherche coeur à prendre

La vingtaine assumée, la jolie Alma (Carla Poquin) se trouve propulsée directrice des RP d’un Palace parisien après un bref moment de travail auprès du concierge. Sa meilleure amie et colocataire sur le Canal Saint-Martin, Jo (Vanessa Missié) est, elle, chargée de la communication. Et Alma commence à travailler un peu plus tôt que prévu : elle arrive au secours de Jo en train de gérer la grande fête organisée par un couple d’influenceurs qui tente de tromper un drame de tromperie moche en mariage romantique … Sur le chemin, elle croise le plus grand client et aussi le jeune premier romantique le plus paumé de l’hôtel, Alex Blake (Louka Meliava). Lui-même, serial startupper californien, est à Paris pour lancer une nouvelle application de Dating, « Dear you ». Le principe ? Parler avec un date qu’on ne voit jamais… Alma multiplie les conquêtes malgré elle dans une univers assez dingue et barré, avec comme valeur cardinale, l’amitié…

Des ficelles bien rodées

Quelque part entre la série Palace, Sex in the City et Emily in Paris, « Dear you » réunit tous les poncifs du genre romcom’ étendu à pas mal d’épisodes. La saison 1 nous choppe dès le début par la simplicité de son intrigue et par son «déjà vu» complétement régressif. Paris défile, à vélib ou en taxi, comme un paysage à peine esquissé autour du décor très toc et très « AB production» du Palace juste assez élégant mais pas non plus trop intimidant. Alors que le cast est peu ou pas connu, les guests débarquent en se faisant un malin plaisir à jouer des rôles de très composés  (Monsieur Poulpe tel quel en lui-même, Héléna Noguerra en maman top model) et les prétendants s’arrêtent au nombre de trois, partant et revenant, pour nous laisser palpiter jusqu’à la saison 2…

Une touche de Queer

Mais ce qui percute autant dans Dear You, ce sont évidemment les personnages et notamment les personnages secondaires auxquels ont s’attache démesurément : l’associée XL size et méga ronchonne et très bien habillée du jeune premier (Juliette Katz) ou la cheffe vietnamienne mal traitée par son second raciste (Jade Phan-Gia) sont par exemple magnifiquement réussis. Et aussi caricaturale soit-elle dans son bar du 10e, la jeunesse parisienne que la série met en avant a des origines diverses, on aperçoit parfois les parents, et les genres et les sexualités sont quand même bien plus fluides qu’habituellement, avec peut-être un soupçon en moins de clichés ou en tout cas des jeux de mots et de rôles sur ces clichés qui circulent par exemple l’identité homosexuelle du copain Théo (Léopold Buchsbaum).

Bref, rien de révolutionnaire mais une galerie de caractères bien sentis et deux ou trois sorties dans Paris hors de l’hôtel qui donne envie d’y vivre. Enfin, alors que la mise en scène et la photographie sont vraiment magnifiquement maîtrisées, c’est avec un délicieux sentiment de culpabilité, qu’on ne s’arrête plus une fois qu’on a commencé.