Cinemed, jour 6 : Le déroutant «Romería», la dureté des dictatures et l’amour en temps de guerre

Le nébuleux Romería en projection presse

La journée commence avec la projection presse du film de clôture : Romería, de Carla Simón. C’est l’histoire de Marina (Llucia Garcia) qui explore la jeunesse de ses parents, morts dans son enfance pendant l’époque de la movida espagnole. Ses études en cinéma justifient l’entrecoupage du récit par des scènes de vie banales tournées avec sa petite caméra, appuyant le rythme. La poésie prend une place de plus en plus importante au fil de l’œuvre. L’imaginaire et la réalité se confondent dans des scènes rappelant La plage (2000) de Danny Boyle.C’est une œuvre ésotérique, à laquelle il est possible de ne pas accrocher, mais dont on ne peut nier le parti pris.

La brutalité de la dictature avecLittle Syria

Dans la sélection de la compétition long métrage documentaire, est présenté Little Syria. Nous y suivons Reem Karssli, réalisatrice syrienne, filmant sa vie d’exil pendant 20 ans, à travers la Turquie, la Hongrie, la Pologne, l’Espagne et enfin l’Allemagne où elle est installée avec son frère et son compagnon. Les images, toutes issues de sa caméra, créent une forte proximité avec le spectateur. La violence du régime de Bachar al-Assad est montrée, notamment avec l’exploration des photos des cadavres d’hommes arrêtés et tués arbitrairement. C’est un film dur, mais nécessaire pour rappeler l’horreur des régimes dictatoriaux.

Le Liban sous le prisme de l’amour

Première romance du festival, Un monde fragile et merveilleux retrace l’histoire de Yasmina et Nino sur trois décennies, au Liban. Les drames politiques et familiaux s’enchaînent et le film explore la dualité des réactions des enfants de la guerre : entre optimisme et pessimisme, tous deux radicaux. Le réalisateur Cyril Aris explique “ce film a commencé avec la question de fonder une famille dans ce monde cruel et injuste”, dans une pays imprégné par les conflits armés. Il souhaitait faire une romance pour donner une vision douce du Proche-Orient et rappeler la résilience qui caractérise les peuples. L’aspect merveilleux de l’histoire est alimenté par un travail majeur sur le son qui place des bruits de train le long du visionnage.
Les influences du film sont visibles tout en étant superbement revisitées par son réalisateur, une scène rappel notamment le montage frénétique de Fallen Angels par Wong Kar Wai, éminent réalisateur pour sa représentation de l’amour sous diverses formes. Cyril Aris se dit aussi influencé globalement par la nouvelle vague française des années 1960, le cinéma de Fellini, et plus récemment les œuvres de Paul Thomas Anderson.
C’est un film complet qui donne une image peu représentée du Liban et laisse une liberté d’interprétation au spectateur pour s’approprier l’histoire.

Présentation officielle du jury

Avant la projection du dernier film du jour, le jury de l’Antigone d’or a été présenté. Il est présidé par l’actrice Ariane Ascaride, césarisée pour Marius et Jeannette en 1998. Elle et son jury décerneront l’Antigone d’or du long métrage de fiction durant la cérémonie de clôture. C’est le prix le plus prestigieux de Cinemed, le jury est constitué de professionnels qui utilisent leur connaissance du milieu pour donner la meilleure décision !