La compétition de Cinemed ne ralentit pas avec la projection de l’émouvant La petite cuisine de Mehdi, ce mardi 21 octobre. La soirée s’est conclue avec l’avant-première de Le gang des amazones. Chaque œuvre a eu sa rencontre presse, moment précieux pour comprendre au mieux les intentions de ses créateurs.
Par Juliette Vine Decup
Amine Adjina, comédien et metteur en scène de théâtre, présente son premier projet cinématographique : La petite cuisine de Mehdi. Avec le diplôme de l’atelier scénario de La Fémis et son expérience au théâtre, il arrive prêt à créer un format pour le grand écran.
Alors, pari réussi ?
Globalement oui. Le film tourne autour de la difficulté d’articuler deux cultures pour les enfants issus de l’immigration. La compagne de Mehdi représente la France, sa mère l’Algérie. Il refuse de les faire se rencontrer pour protéger sa mère. On sent un amour puissant du réalisateur pour les deux pays, dont l’utilisation de couleurs chaudes et vives et la représentation de chaque gastronomie témoignent. Les huis clos à répétition illustrent l’étau qui se resserre autour de Mehdi à cause de sa mauvaise gestion de la situation.
L’image parle donc. Toutefois, les personnages sont moins loquaces, cela laisse une part libre à interprétation mais le film résonne alors plus avec des spectateurs pouvant s’identifier à l’histoire. Le réalisateur est lui-même algérien. Son père et son entourage ont tenu des bistrots. Il représente ici des bouts de sa vie. C’est une œuvre intime, peut-être difficile à appréhender, mais profondément touchante.
Avec Le gang des amazones, Mélissa Drigeard retrace l’histoire de cinq braqueuses des années 1990. Le film est porté par Lyna Khoudri, Izia Higelin, Mallory Wanecque, Laura Felpin et Kenza Fortas, représentant chacune une membre de ce que la presse a vite surnommé “les amazones”. La réalisatrice a produit un travail de documentation important pour montrer au mieux la tranche de vie de ces cinq femmes. Elle souhaitait que ses actrices s’imprègnent pleinement de leur personnage sans se comparer aux vrais amazones. Toutefois, certaines étaient présentes sur le tournage, dont Hélène qui participait également à l’avant première puis à la rencontre presse pendant le festival. Durant la rencontre, Hélène explique “on nous a laissé parler” “sans faire l’apologie du braquage”. La réalisatrice et elle s’accordent sur l’importance de ne pas glamouriser la violence. Le but du film étant de raconter l’histoire des Amazones, pas de les ériger en héroïnes. D’ailleurs, une attention particulière a été portée aux scènes de braquage pour qu’elles soient perçues par le prisme des victimes.
Cette histoire demande au spectateur de se mettre à la place de tous, de faire preuve d’empathie. C’est également un voyage dans le Vaucluse des années 1990, entre survêtements Sergio Tacchini et électro en boîte de nuit !
Pour encourager les nouveaux réalisateurs·rices à continuer de proposer leurs œuvres, Cinemed a mis en place un jury étudiant depuis quelques années. Le but est “d’apporter un regard neuf”. Leur rôle est de visionner quatorze premiers longs métrages documentaires ou de fiction, puis de choisir un seul et unique gagnant. La récompense de 1 500 euros va alors directement au cinéaste pour récompenser la démarche créative de son premier film.
Les étudiants postulent par lettre de motivation et CV, les sept sélectionné·es ont ainsi un pass “invité officiel” durant tout le festival. Ce dispositif motive des jeunes à développer leur culture cinématographique et permet au festival de diversifier son approche.
Visuel (c) Juliette Vine Decup