Parmi les propositions du festival, les trois films vus en ce lundi 20 octobre – Where the wind comes from, Les dimanches et The flying meatball maker sont tous étonnamment rassemblés par le thème du rêve qu’il soit vecteur de possibilité ou escapade du quotidien. Chaque œuvre offre ainsi une vision différente de l’onirisme.
Par Juliette Vine Decup
Alyssa, 19 ans, et son meilleur ami Mehdi, 23 ans, voyagent jusqu’à Djerba (Tunisie), espérant remporter un concours artistique pour émigrer en Allemagne. Avec Where the wind comes from, premier long métrage, Amel Guellaty représente une jeunesse oppressée par la situation économique de son pays. Entre la précarité familiale et le manque de débouchés malgré les études, les deux personnages utilisent au long du récit leur créativité pour sortir de leur condition. Cette créativité est également visible à la réalisation avec des liberté au montage et une attention spéciale sur les couleurs. C’est une belle histoire d’amitié et de résilience qui joue avec la forme pour sublimer le fond.
Dans le drame familial Les dimanches de Alauda Ruíz de Azúa, la lycéenne de 17 ans Ainara (Blanca Soroa) annonce à sa famille un choix de carrière imprévisible. Le film dévoile les différentes réactions. Son père fait preuve d’un calme presque nuisible. En revanche, sa tante se démène pour que sa nièce gagne en maturité et ne se laisse pas absorber par son rêve. Le film présente les relations familiales de façon complexe et tout à fait réaliste. L’image est sombre, brute et fonctionne parfaitement avec le propos. La spiritualité et le libre-arbitre sont questionnés sans jamais poser de jugement définitif. Il revient à nous, public, de nous faire notre propre avis sur la situation et d’en tirer des enseignements.
The flying meatball maker est le premier long métrage de L. Rezan Yesilbas, réalisateur turc et Palme d’or à Cannes pour son court-métrage SESSIZ-BE DENG en 2012. Nous suivons Kadir (Nazmi Kirik), cuisinier de keftas, qui rêve de voler.
Azize (Selin Yeninci) sa femme subit les “on dit” sur la passion étonnante de son mari dans une société caractérisée par un lien social fort et normatif, où sortir déroger aux règles signifie s’ostraciser. Le carcan religieux est également important : notre héros doit rendre des comptes à sa belle famille lorsqu’un ami d’ami le surprend en train de boire une bière. Le contrôle social s’exerce par la délation et la pression. Dans ce contexte, Kadir apparaît comme un ovni, pour qui le regard des autres importe moins que sa propre volonté. Nous suivons alors ses différents entraînements de parapente avec son professeur. Son rêve de voler pourrait être une métaphore de la liberté d’agir pour laquelle il doit se battre mais le film semble détruire cet élan métaphorique à la fin du récit.
L’obsession du protagoniste pour voler, omniprésente, n’a pas de raison nommée. Il est donc difficile de s’attacher à l’histoire bien que sa femme reste un point d’ancrage touchant. L’image simpliste est adéquate avec le ton presque documentaire.
La compétition long-métrage Prix du Public continue. A l’entrée des projections, un petit papier est distribué à chaque spectateur, qui le rend à la sortie avec une légère entaille sur la note attribuée, de 1 à 5. C’est une solution intéressante pour recueillir les premiers avis sans l’influence d’autres opinions.
©Juliette Vine Decup