En ce dimanche 19 octobre, le Cinemed de Montpellier rend hommage au Musée Fabre avec une sélection de courts-métrages déjantés, puis la compétition continue par la découverte de Rue Malaga qui se déroule en Algérie et Le pays d’Arto nous amenant en Arménie.
Par Juliette Vine Decup
Dans le cadre du bicentenaire du musée Fabre, cinq réalisateurs, réalisatrices ou groupes ont été choisis pour créer un court-métrage sur leur perception du musée. Des propositions très différentes se succèdent alors.
D’abord, l’ovni @angelcry999 de Pétronille Malet qui reprend tous les codes du “brainrot” soit des vidéos courtes sur internet qui ne proposent qu’un enchaînement d’images cryptiques, sur fond d’ASMR. Vraie prouesse de montage, ces 15 minutes expérimentales parleront sans doute surtout à la génération Z.
Ensuite, Ce que regardent les statues de Léo Blandino dont la structure est beaucoup plus traditionnelle mais qui réussit l’exploit de nous attacher vite à ses personnages perdus dans un musée Fabre dont les œuvres se pixélisent. Le propos anti-IA et rappelant l’importance de l’int
ention dans la création artistique parachèvent cette œuvre complète, dont voudrait en voir davantage !
Beausoleil de Guilhem Causse, Ekiem Barbier et Quentin L’helgoualc’h reproduit le musée et ses visiteurs dans des graphismes 3D rappelant entre autres le jeu vidéo The Stanley Parable. Les graphismes remarquables sont accompagnés par des dialogues de visiteurs du musée qui créent un rire général dans la salle, notamment avec l’imprévisible : “C’était avant Adam et Ève ça ou pas ?”.
Enfin, Ce qui est à César de Hugo Orts retraçant les actions des employés du musée donne une vision nouvelle du lieu. La Passée de Léa Triboulet utilise un tableau comme base pour raconter l’émancipation d’une relation toxique par sa protagoniste. Autant de visions d’un même espace, qui feront écho à tous les publics.
Rue Málaga raconte la bataille de Maria Angeles, septuagénaire issue de l’immigration espagnole ayant vécu toute sa vie à Tanger, qui s’oppose à la vente de son appartement par sa fille. La réalisatrice Maryam Touzani a scénarisé cette histoire après la mort de sa mère pour “transformer cette douleur et cette tristesse en désir de vie”. L’interprétation de Maria par Carmen Maura va entièrement en ce sens, avec un personnage bienveillant et d’une résilience sans égale qui ne refuse jamais de vivre pleinement. Un bol d’air frais pour la représentation des personnes âgées au cinéma. L’aspect visuel n’est pas délaissé par la réalisatrice : Maria porte la couleur rouge tout au long du récit, comme étendard de sa combativité.
Les traumatismes de la guerre dans Le Pays d’Arto
A sa mort, Arto n’a pas légué sa nationalité arménienne à ses enfants. C’est donc sa femme Céline (Camille Cottin) qui se charge d’aller sur sa terre natale pour régler administrativementla chose. Mais, elle découvre que son mari ne lui a jamais révélé son identité et se lance alors dans un voyage intime et historique, à la recherche de la vérité. Pour Tamara Stepanyan, dont c’est le premier long métrage, “Ce n’est pas un film de guerre. C’est un film sur l’après-guerre, le traumatisme.”. L’œuvre tente d’expliquer le non-dit et dépeint l’élan patriotique d’un peuple dont l’existence est synonyme de bataille.
Fin du week-end pour le Cinemed, les actifs se feront légèrement plus rares à partir de lundi. Néanmoins, une ambiance communautaire s’est vite créée : chaque projection se clôt sur un “olé” enthousiaste au moment du générique sur musique espagnole — un clin d’œil aux férias, si familières aux Montpelliérains. La diversité culturelle de la ville offre au festival un public idéal.