Cinemed, jour 1 : Camus au cinéma et le plaisir de se rassembler

Une fête populaire

Plus de 500 lycéens étaient présents dans la salle, invités par l’organisation du festival. Leurs chants et applaudissements ont rythmé l’attente, et leurs avions en papier ont créé une ambiance bon enfant. Le festival revendique cette ouverture populaire, sans faire de politique. Il a été créé pour être un lieu de rencontre et donner la parole à tous, comme le montre sa programmation hétéroclite : de Little Trouble Girls, premier long métrage de Urska Djukic, réalisatrice slovène, à Dino Risi, cinéaste italien de renom, ayant réalisé plus de cinquante longs métrages, dont vingt-quatre sont diffusés durant la semaine.
C’est cette diversité qui séduit les adeptes de Cinemed, qui ont tout de même un point commun : l’amour du cinéma.

François Ozon face à l’absurde

Le festival commence avec L’Étranger de François Ozon, adaptation sur grand écran du roman éponyme d’Albert Camus. Un choix pédagogique pour les lycéens présents, qui étudient le livre en cours de français.
François Ozon a pu présenter son œuvre avant la diffusion. Après être monté sur scène sous les applaudissements, il explique voir ce film comme un défi : mettre en lumière l’invisible, montrer l’absurde. La séance se déroule dans une concentration totale : tous les regards sont posés sur les images qui défilent. Le noir et blanc permet une lumière prenante durant toute l’oeuvre, le soleil s’abat sur Meursault dont l’interprétation de Benjamin Voisin est splendide de justesse.
Le lendemain, durant la rencontre presse, François Ozon évoque les changements dans la consommation de films au cinéma depuis le Covid et s’oppose à la paresse artistique. Avec le développement des services de streaming en ligne, le cinéma doit s’imposer comme une expérience, donner une plus-value aux spectateurs, sans quoi ces derniers choisiront toujours le calme de leur salon.

Pour lire notre critique du film, c’est ici. 

Raymond Depardon et Claudine Nougaret sous les applaudissements

François Ozon ne fut pas le seul mis à l’honneur ce soir-là. La présence dans la salle de Raymond Depardon et Claudine Nougaret a été saluée par les présentateurs. Le couple s’est levé sous les applaudissements de l’ensemble du public.
Ils sont mis à l’honneur à l’occasion de ce 47ᵉ Cinemed : dix-sept documentaires et douze courts métrages seront diffusés, avec en prime la projection de La Captive du désert, long métrage de 1990 réalisé par Raymond Depardon. Tout au long de leur carrière, ils ont mis en lumière les vies ordinaires, qu’elles soient aveyronnaises, égyptiennes, nigériennes ou new-yorkaises. C’est cette humanité qui est saluée, en plus d’un travail artistique remarquable.