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Christian Petzold : « Le cinéma est capable de nous faire produire des images dans notre tête »

par Yaël Hirsch
le 02.09.2023

Le réalisateur allemand de Barbara, Transit et Undine, Christian Petzold, a remporté l’Ours d’argent au dernier Festival de Berlin avec son « film d’été » Le Ciel rouge. Une comédie dramatique à la Rohmer, qui sort le 6 septembre et dont il livre quelques clés aux lecteurs de cult.news.

 

Pourquoi choisir comme héros de ce film un personnage aussi antipathique que Thomas ? Il est tellement focalisé sur l’écriture de son roman qu’il n’a que mépris pour ceux et celles qui l’entourent.

D’un côté, j’en avais marre des gens sympathiques. Je crois que seules les personnes peu sympathiques méritent d’être regardées pendant 90 minutes. Ensuite, le personnage de Nadja, interprété par Paula Beer, le lui rend bien : elle prend un plaisir presque tragique à pousser à l’explosion l’auteur torturé. Enfin, je crois que ce personnage en déni de la réalité suscite vraiment la curiosité. Il fait toujours comme s’il dominait la situation, mais tout le monde sait bien que ce qu’il affirme, c’est du vent. Et j’aime bien les personnages comme cela, je les connais bien.

 

Pouvez-vous nous expliquer votre concept de « film d’été » ? Est-ce un genre connu ? Ou l’avez-vous inventé ?

Je n’en ai pas entendu parler auparavant. Mais, quand j’ai posé la question à des amis qui aiment le cinéma, tous avaient d’autres titres en tête qui marchaient bien. C’est ainsi que j’ai décidé que Le Ciel rouge s’inscrirait dans ce genre. Il s’agit de films où, à la faveur des vacances, des journées longues et du beau temps, des jeunes gens deviennent adultes. Il s’agit du dernier été avant de commencer un travail ennuyeux, un été où il faut prendre une décision sentimentale et où l’on peut souffrir beaucoup en se trompant sur le choix du partenaire… En France, il s’agit souvent de mélodrames ou de comédies sentimentales. Aux États-Unis, le film d’été est souvent un film d’horreur…

Et en Allemagne ?

Nous avons perdu avec les nazis notre « film d’été ». En 1930 est sorti le plus célèbre film d’été allemand : Les Hommes le dimanche, réalisé à Berlin par Robert Siodmak et Edgar George Ulmer, avec Billy Wilder au scénario. Le film est en partie un documentaire. Il montre des gens simples et jeunes qui vont nager et danser un dimanche. Et ce film a eu un succès inattendu et considérable, dans un contexte où il y avait encore une certaine prospérité et la démocratie. Il n’y avait pas vraiment d’intrigue, mais le public a adoré voir d’autres corps, d’autres visages, d’autres physiques. Quand on le voit, on ressent un vent nouveau. Les nazis ont haï ce film et conspué ses réalisateurs. Ils ont tous dû quitter l’Allemagne et sont allés aux États-Unis où ils ont inventé le « film noir ».

Donc, quand vous réinventez le film d’été allemand, il y a à la fois du mélodrame, mais aussi du film d’horreur, avec la menace et la peur des incendies ?

Oui, c’est à peu près cela. J’ai voulu montrer des gens jeunes en recherche d’eux-mêmes : l’une finit sa thèse, l’autre son book pour entrer aux Beaux-Arts et le héros doit terminer son deuxième roman. Mais ça n’est pas un film d’Eric Rohmer : nos étés se réduisent. Ce que je vois aux nouvelles sur les intempéries me glace. Nous n’aurons peut-être plus le loisir d’être simplement tristes l’été d’être tombés dans une histoire d’amour impossible…

Le film fait aussi travailler le spectateur en laissant imaginer beaucoup de la vie des personnages…

C’est vrai pour le personnage de Nadja, interprété par Paula Beer. Elle va à l’encontre des clichés : on ne la voit jamais en maillot de bain ou se balader en nuisette dans la maison. La personne qui monte le film a pu me dire qu’il avait toujours l’impression que le personnage sortait du cadre pour continuer de vivre sa vie. C’est aussi vrai pour les personnages de David (Enno Trebs) et Felix (Langston Uibel), qui sont des personnages qui aiment travailler avec leurs mains et qui sont pris dans les flammes. Le film fait référence à Pompéi : il devait à l’origine faire allusion au film de Rossellini Voyage en Italie. J’avais gardé en tête l’idée que c’est en voyant deux corps calcinés enlacés que Ingrid Bergman se mettait à pleurer. En revoyant le film, j’ai réalisé que l’image des corps enlacés n’y est pas. J’avais imaginé le plan comme spectateur. C’est important ce que le cinéma est capable de faire : nous faire produire des images dans notre tête. Dans Le Ciel rouge également, on ne voit que les mains, pas les corps…

L’arrivée de l’éditeur plus âgé, comme un mentor pour ces jeunes, est-ce une référence à Mort à Venise ?

Matthias Brandt, qui est aussi mon meilleur ami, interprète le rôle. Et il m’a plutôt suggéré l’idée du Songe d’une nuit d’été : il ne voulait arriver qu’au vingtième jour du tournage pour donner la sensation aux jeunes acteurs que lorsque l’adulte arriverait, tout changerait. Cela a d’autant mieux marché qu’il a eu le Covid et s’est mis en quarantaine avant même d’arriver sur le plateau. Cela collait bien avec le personnage de Helmut…

Une des plus belles scènes du film est celle où Paula Beer cite le Poème de Heine « L’Asra ». Quel sens donnez-vous à ce texte ?

Sous des dehors tellement simples, les 16 vers de ce poème du 19e siècle sont incroyablement complexes. Il n’y a pas que le contenu, mais aussi le rythme et quels mots sont répétés, quels mots ne le sont pas. La syntaxe joue : lorsque le vers s’arrête et qu’on va à la ligne pour dire « Mohammed », c’est comme si le nom était souligné. D’une part, « L’Asra » est un esclave à qui l’on pourrait demander de tout faire, ce qui n’est pas le cas. Mais quand il aime, il doit mourir. Cela montre à la fois que les classes sociales sont insurmontables et à quel point l’amour est vital. L’écrivain André Brinkman dit que la langue allemande va disparaitre parce qu’on ne peut pas chanter en allemand. Toute la langue allemande… sauf Heine.

 

L’Asra, Heinrich Heine

La fille du sultan, belle et sereine
S’en allait chaque jour, d’un pas sûr
Vers l’heure du soir à la fontaine,
Où les eaux blanches murmurent.

Chaque jour le jeune esclave demeure
Vers l’heure du soir à la fontaine,
Où les eaux blanches murmurent ;
Il devient chaque jour plus blême.

Un jour la princesse avec un ton
Soudain, s’approche de lui :
Je veux connaître ton nom,
Celui de ton clan, de ton pays !

Je m’appelle, l’esclave répliqua,
Mohammed, je viens du Yémen,
Je suis de la tribu d’Asra,
De ceux qui meurent quand ils aiment.

Le Ciel rouge, de Christian Petzold, avec Thomas Schubert, Paula Beer, Langston Uibel, Enno Trebs, Matthias Brandt, Allemagne, 2023, 1h40, Sortie le 6 septembre 2023.

Visuel © Les films du Losange.