Cannes : une cérémonie d’ouverture avec les brillantes Camille Cottin et Meryl Streep

Forcément, une cérémonie d’ouverture de Cannes laisse des choses sur le côté. Elle n’est d’ailleurs pas la seule, tant la plupart des célébrations avec honneur du cinéma oublient de discourir sur des points importants. Quitte à préférer le « tout est beau » de façade. Cette ouverture, donc, de Cannes 2024 se donne quelques atouts pour apparaître pertinente, à défaut de rester mémorable. Un terme qu’on peut de toutes façons redéfinir à l’infini…

Camille Cottin toujours excellente, qui évoque ce qui fâche

Camille Cottin est une sacrée interprète. Toujours aussi naturelle, au sein du numéro inaugural où elle évoque le festival, elle met en avant les évolutions qui doivent avoir lieu. En un temps où certaines pratiques doivent être bannies des milieux artistiques, et où ces questions-ci sont centrales lorsqu’on évoque lesdits milieux, le discours juste est au rendez-vous. « Ah oui je précise que les rencontres professionnelles nocturnes dans les chambres d’hôtel des messieurs tout-puissants ne font plus partie des us et coutumes du vortex cannois, suite à l’adoption de la loi MeToo, et on s’en félicite » : des faits graves évoqués sans détour, même si on se doute que tout n’est pas encore clean. Les polémiques agitant encore et encore le milieu du cinéma, révélant des agresseurs, le prouvent bien.

Meryl Streep incarnation du grand cinéma

On adore Meryl Streep, et le montage des extraits des films dans lesquels elle tourna avant qu’on lui apporte son prix pour l’ensemble de sa carrière fait toujours autant rêver. On aime son élégance – personnifiée d’ailleurs aussi par son ample tenue blanche toute simple et belle, lui allant à ravir – lorsqu’elle remercie certaines des personnes travaillant avec elle. Son agent Kevin Huvane – à cet instant, Camille Cottin a droit à un clin d’oeil – « qui m’a rappelé qu’aujourd’hui est le trente-troisième anniversaire de notre heureuse et amicale coopération » et Roy Helland, opérant lui aussi en «  backstage » et à saluer en tant que « maître coiffeur et maquilleur », qui débuta sur un film d’Ingmar Bergman. De beaux éloges que l’on salue, tant on aime que l’actrice rappelle l’importance de ces métiers de l’ombre, régulièrement menacés d’ailleurs, au même titre que ceux des découvreurs de films travaillant au sein de la plupart des festivals et des équipes de ces derniers.

Un reste qu’on a pu trouver moins marquant

Greta Gerwig a hélas, lors de son arrivée sur scène en tant que Présidente du jury chargée de décerner la Palme d’or cette année, trop peu le temps de parler. On aurait aimé l’entendre sur certaines questions, et l’écouter exprimer en quelques mots sa sensibilité. De même, on pu ne pas se sentir spécialement bouleversé par la prestation de Zaho de Sagazan chantant du David Bowie immortalisé dans le film Mauvais sang, de Carax. Un peu attendu comme choix musical, peut-être. Et enfin, côté entrée du jury allant siéger dix jours sous la Présidence de Greta Gerwig, saluons la jolie robe de la charismatique Eva Green, aux matières contrastant d’une belle façon, et la classe de Pierfrancesco Favino en smoking. A suivre, pour voir si on se trouve en présence d’un festival animé, et par de bonnes questions, bien posées.

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Visuel : (c) Geoffrey Nabavian