Mise en scène respirante et interprètes magistraux sont les deux ingrédients de la réussite de cette peinture sociale somalienne.
Nettes et extrêmement bien éclairées, les images de The village next to paradise témoignent d’emblée d’une excellente maîtrise. L’impression gagne cependant, assez vite, que cette attention au cadre a pour but de le mettre en lumière au maximum, de façon à ce que les enjeux sociaux surgissent parfois d’eux-mêmes dans ce récit.
Un père gagnant très difficilement sa vie, sa soeur qu’il accueille chez lui, et son fils : autant de personnages affectés par les difficultés, dans un pays vraiment pas évident. Pourtant, ils ne sont pas écrits de manière démonstrative : silhouettes quasi constamment mobiles, ils encaissent les coups en affichant surtout une énergie souterraine impressionnante. C’est que la mise en scène leur laisse le temps d’exister, et de se dévoiler un peu. Axmed Cali Faarax demeure intense, Cigaal Maxamuud Saleebaan qui incarne son fils reste remarquablement juste, malicieux et conscient, et Canab Axmed Ibraahin se révèle bouillante, rageant intérieurement. Tous trois s’activent au sein de scènes qui veulent regarder davantage que démontrer.
De surcroît, cette maîtrise qui court le long du métrage ne fait pas oublier les différentes dimensions du thème traité, important à aborder. La Somalie que dépeint le film apparaît réaliste, pas embellie malgré la qualité des images. Et en fin de compte, c’est aussi ce fameux temps pris qui vient frapper. En ne précipitant pas les choses, le long-métrage permet à la vie de ne jamais quitter cette peinture sociale.
*
Visuel : (c) FreibeuterFilm