Talents d’interprètes et technique au poil s’unissent dans cette peinture colorée et décalée de la société zambienne actuelle.
Cette comédie acide démarre sur une route, alors qu’une jeune femme s’aperçoit qu’un de ses oncles est étendu sur son asphalte, et qu’il paraît mort. Situation figurée sans effets clinquants ou excessifs, avec juste une mise en scène au plus près des émotions. Jusque dans le plan où cette héroïne se voit elle-même, affrontant par là-même ses hésitations sur quoi faire, rien n’apparaît superflu.
Dès lors, entrent les protagonistes qui viennent mettre leur grain de sel dans cette affaire. Tous arrosent un peu de vitriol sur la classe moyenne de Zambie. Mais tous sont aussi remarquablement interprétés, et donc d’une humanité flagrante et attachante. Les séquences toutes en chambardement dans lesquelles ils s’illustrent n’en sonnent que plus juste.
Au final, On becoming a Guinea fowl – qui s’appellera peut-être au final Histoire d’une pintade, en France – témoigne d’une envie de raconter, plus qu’il ne démontre ou pose. La réalisatrice Rungano Nyoni trouve la bonne distance pour sa peinture corrosive, et laisse toute sa place à l’émotion.
Visuel : © A24